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1 juin 2022

Revue mensuelle de mai 2022 : EDF a encore revu à la baisse sa production nucléaire

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Hausse généralisée des prix

Charbon

Augmentation durant le mois de mai poussée par la tendance inflationniste. Sur le court terme, l'Angleterre souhaite conserver la disponibilité de ses centrales en vue de l'hiver prochain. L'Inde va fermer 81 centrales dans les quatre ans.

CO2

Après des mois de hausse continue, l'UE décide à la mi-mai d'augmenter le nombre de quotas provoquant une baisse mesurée puis une stabilisation autour des 85 €/t.

Pétrole

Le Brent poursuit sa hausse en mai pour atteindre la barre des 120 $ le baril en toute fin de mois. Le niveau reste inférieur au pic des 136 $ de 2008 malgré les projets d'embargo de l'UE sur le pétrole russe.

Production nucléaire

Les différents scénarios de disponibilité publiés par EDF le 10 mai à l'horizon un an, fait part d'une carence marquée jusqu'à septembre ainsi qu'un comblement très partiel au regard des normales de ces cinq dernières années.

Température

Le mois de mai 2022 est le plus chaud des trois dernières années avec près de 4,1 degrés de plus que mai 2021.

Drivers

Analyse et chiffres clés des marchés en France

Électricité

Au début du mois de mai, le BL 2023 connaît une poussée forte faisant passer la cotation de 250 à 300 €/MWh en l’espace d’une semaine. Les raisons à cela :

  • L’influence des nouvelles concernant le gaz : montée du prix à la suite de l’annonce de l’UE à propos de l’embargo sur le pétrole russe ;
  • Les scénarios de disponibilité nucléaire publiés par EDF : carence marquée jusqu’à septembre puis un comblement très partiel.

La mi-mai voit arriver plusieurs dépêches sur certaines centrales dont Dampierre (économies de combustible) ou bien le Blayais (niveau d’eau insuffisant des fleuves nécessaires aux circuits de refroidissement). Pourtant, les prix du BL 2023 de l’électricité se stabilisent sur une période record de presque 20 jours aux alentours de 300 €/MWh. Ceci marque un ralentissement net de la frénésie haussière des derniers mois, une première depuis août 2021.

Gaz

 

L’afflux de GNL vers l’Europe provoque de grandes disparités de prix entre les pays bien dotés en infrastructures GNL comme le Royaume-Unis, la France, l’Espagne et ceux historiquement desservis par pipeline. Nous constatons des écarts allant jusqu’à 20 €/MWh entre la France et l’Allemagne. Ces écarts sont encore plus important si l’on prend le Royaume-Uni comme référence.

Le gaz naturel connaît une stabilisation durant le mois de mai à des niveaux élevés mais sans progression notable malgré un flux d’informations médiatiques négatif. La tendance sur le moyen/long terme semble orientée à la baisse.

Le tout début de mois fut le théâtre d’une approche timide de la zone des 95 €/MWh sur les cotations court-terme au TTF. L’annonce de l’UE concernant son projet d’embargo sur le pétrole russe a, certes, provoqué une remontée éphémère durant quelques jours mais le contexte d’approvisionnement gazier relativement stabilisé depuis mi-avril en Europe a pu contrebalancer rapidement la mauvaise nouvelle. Sous la pression de fondamentaux plutôt positifs sur la continuité de l’approvisionnement, le gaz a réamorcé ensuite une tendance baissière jusqu’au 10 mai en tentant une première fois la percée du seuil des 90 €/MWh, niveau d eprix constaté juste avant le démarrage de la crise russo-ukrainienne.

Le 10 mai, le gestionnaire du réseau de transport ukrainien faisait une annonce, invoquant la force majeure, selon laquelle une capacité de transit avait été interrompue, altérant possiblement l’arrivée d’un tiers du gaz russe passant par l’Ukraine. Dès le lendemain, la Russie publie un communiqué faisant état de sanctions contre son ex filiale européenne Gazprom Germania (aujourd’hui sous le contrôle du régulateur allemand) et suspendant ses activités de négoce avec elle.

Après avoir réagi violemment (115 €/MWh), le marché revient à la raison rapidement et rejoint de nouveau les 90 €/MWh. Ce seuil technique est percé à la baisse le 23 mai, soutenu par les flux norvégiens plus abondants qu’à l’accoutumé et l’assouplissement de la politique rigide de la Commission européenne sur le paiement en roubles du gaz. Côté stockages, les acteurs du marché anticipent, contrairement aux années précédentes. Ainsi, la courbe d’injection en prévision de l’hiver 2021-2022 es alignée avec les normales des cinq dernières années pour l’Europe et même au-dessus pour la France.

À noter : l’écart entre le TTF et PEG se réduit peu à peu en fin de mois en prévision des maintenances prévues sur le terminal GNL de Montoir à partir de la mi-juin, venant réduire la capacité d’accueil de nouveaux tankers à cette période.

 

Les faits marquants du mois de mai 2022 : EDF a encore revu à la baisse sa production nucléaire

Nous sommes le 1er juin. Qui dit début de mois, dit que nous remplaçons la note de marché hebdomadaire par notre revue mensuelle.

Que s’est-il passé en mai ? Quelles informations essentielles ont influencé les marchés  ?

  • L’UE a proposé un embargo sur le pétrole russe ;
  • Les flux gaziers depuis la Russie vers l’Europe ont connu une baisse pour la première fois, depuis le début du conflit ;
  • Les clients européens se sont soumis aux exigences de Poutine pour acheter leur gaz ;
  • Les ministres du G7 se sont engagés à stopper le financement public des énergies fossiles ;
  • EDF a encore revu à la baisse sa production nucléaire.

Nous revenons sur les faits qui ont marqué le mois.

L’UE a proposé un embargo sur le pétrole russe

Cette nouvelle tombait en tout début du mois de mai, le 4 mai, la Commission européenne, indiquait souhaiter intensifier la pression sur Moscou. C’est par la voix de la présidente Ursula von der Leyen que l’on apprenait ce projet d’embargo ainsi que les exemptions de la Hongrie et la Slovaquie dépendant à 75 % du pétrole russe.

Après l’embargo sur le charbon, c’est le pétrole russe qui est dans le viseur de l’Europe. La dépendance de la France, l’Espagne, l’Italie et la Grèce est inférieure à 25 %

Les flux gaziers depuis la Russie vers l’Europe ont connu une baisse pour la première fois, depuis le début du conflit

Le volume passant par l’Ukraine a fortement baissé mercredi 11 mai.

Tout a commencé le mardi 10 mai, Ogtsou, l’opérateur ukrainien des gazoducs a averti ne plus pouvoir assurer le transit habituel en raison de la présence de forces russes ; ces dernières feraient des prélèvements. De son côté, Gazprom a démenti tout cas de force majeur et indiquait que les accusations de prélèvements illégaux étaient techniquement impossibles. Le lendemain, l’opérateur ukrainien affirmait que Gazprom avait fermé le robinet vers une branche ukrainienne du gazoduc.

En Allemagne, l’agence gouvernementale chargée de l’énergie a constaté une baisse de 25 % des volumes habituels.

Les clients européens se sont soumis aux exigences de Poutine pour acheter leur gaz

Engie, Uniper ou bien ENI peuvent s’approvisionner en gaz russe. Moscou sera désormais payé en roubles et les clients européens respectent tout de même les sanctions de Bruxelles envers la Russie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la Commission européenne a rendu un document stipulant comment opérer pour que tout le monde y trouve son compte.

Les clients devront appliquer la méthodologie suivante :

  1. Ouvrir un compte Gazprombank russe en euros et un autre compte en roubles ;
  2. Verser l’argent sur le premier compte dans sa monnaie ;
  3. Ensuite, Gazprombank effectue le transfert vers le compte en roubles.

La Commission européenne a attendu le dernier moment pour rendre son rapport qui révèle un assouplissement des sanctions alors que les forces russes sont toujours en Ukraine.

Les ministres du G7 se sont engagés à stopper le financement public des énergies fossiles

Nous l’apprenions en toute fin de mois (le 27 mai), les ministres du G7 chargés du climat, de l’énergie et de l’environnement ont publié un communiqué dans lequel ils s’engagent à mettre fin au financement public des énergies fossiles d’ici la fin de l’année.

Cet engagement est la suite logique de l’engagement conjoint prix par 39 pays et institutions lors des négociations sur le climat en novembre 2021. Le G7 défend, à travers cet engagement, les intérêts de la sécurité nationale et l’accélération de la transition vers une énergie propre, au niveau international.

EDF a encore revu à la baisse sa production nucléaire

C’est sans grande surprise qu’EDF revoit à la baisse sa prévision de production. Cette annonce est la conséquence directe des microfissures situées dans une zone sensible du réacteur. Il s’avère que d’importants travaux sont nécessaires.

EDF table désormais sur une production comprise entre 280 et 300 TWh, contre 295 et 315 TWh attendu jusqu’à présent. Causalité oblige, EDF a également revu à la baisse ses perspectives de revenus. Ainsi, EDF, estime la chute de son EBITDA à 18,5 milliards d’euros, contre 14 milliards estimé auparavant.