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30 août 2022

Suivi hebdo du 22 au 26 août 2022 : envolée historique des prix de l’électricité, Borne se veut rassurante

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Électricité

Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 22 août 2022 au prix de 725,58 €/MWh pour fermer vendredi 26 août à 1130 €/MWh, soit une hausse de 55,74 %.

Court-terme : cette semaine de rentrée estivale est marquée par une augmentation des cotations day-ahead (journalier) sur les marchés de l’électricité portant les prix au jour le jour en ce mois d’août au-delà de la marque des 600 €/MWh. En cause, bien entendu, la faible disponibilité nucléaire actuelle et un coût marginal des centrales à gaz qui augmente de jour en jour sous la pression haussière des marchés de gaz naturel court-terme. Le marché oriente mécaniquement ses estimations pour cet automne et cet hiver à partir de cette réalité économique et physique.

Long-terme : sur le long-terme, si l’entame a été marquée dès le lundi par une hausse forte poussant certains fournisseurs à reporter l’ouverture de leurs salles de marchés, le reste de la semaine est marqué par une hausse forte et continue, et notamment une information parvenue Jeudi 25 août concernant un arrêt prolongé de 4 centrales nucléaires (Cattenom et Penly) jusqu’à début Novembre. La clôture du vendredi fait pointer les marché de l’électricité 2023 au-delà de la marque des 1100 €/MWh provoquant un tollé médiatique ce week-end.

En ce début de semaine, la réaction ne se fait pas attendre puisque le Lundi 29 août est annoncé un meeting d’urgence entre les ministres de l’énergie européens prévu pour le 9 Septembre.

Gaz

 

Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 22 août 2022 au prix de 229,27 €/MWh pour fermer vendredi 26 août à 310,6 €/MWh, soit une hausse de 35,47 %.

[NDLR : nous enrichissons notre note de marché avec l’évolution hebdomadaire du prix PEG puisque ce dernier est actuellement plus intéressant que le TTF]

Le prix PEG CAL 2023 a ouvert lundi 22 août 2022 au prix de 219,27 €/MWh pour fermer vendredi 26 août à 297,35 €/MWh, soit une hausse de 35,61 %.

Court-terme : lundi 22 août, le marché gaz naturel tentait de digérer la nouvelle intervenue le vendredi soir précédent sur une maintenance prévisionnelle de la dernière turbine en opération sur Nordstream 1 sur une période de trois jours du 31 août au 2 septembre. Beaucoup de fournisseurs retardaient ainsi l’ouverture de leur salle de marché et les prix du gaz naturel connaissaient une hausse de 50 €/MWh en l’espace de quelques heures.

Après une phase de consolidation d’une journée, le mercredi 25 août, c’est du côté des États-Unis que nous parvenait une mauvaise nouvelle concernant le redémarrage de l’unité de liquéfaction GNL de Freeport reportant à la fin novembre sa remise partielle en opération pour une disponibilité totale seulement au printemps prochain. Les cotations gaz naturel court-terme au TTF viennent alors percer le prix psychologique des 300 €/MWh accélérant le mouvement haussier sur l’électricité.

Long-terme : les prix court-termes fournissent un soutien fort aux cotations plus lointaines puisque rapidement, les maturités Cal23 et Cal24 viennent s’ajuster à cette hausse précipitant le contexte de panique déjà présent. Sur le marché français, la cotation Cal23 (donc au PEG) termine à 297,35 €/MWh le vendredi 26 août au soir, déclenchant une tempête médiatique et de multiples interventions politiques dans les médias.

Drivers

Les faits marquants de la semaine

Envolée historique des prix de l’électricité : Borne se veut rassurante

Les actualités de la semaine dernière et du début de cette semaine se concentrent sur :

  • Élisabeth Borne qui rassure sur les très fortes hausses des prix de l’électricité ;
  • L’exécutif français qui invite les entreprises à présenter des plans de sobriété ;
  • Gaz : la France qui tente de porter les importations d’Algérie à 50 % ;
  • Électricité : l’Espagne et le Portugal qui gardent un prix sous contrôle ;
  • Engie annonce que Gazprom réduit à nouveau ses livraisons de gaz.

Voici les faits qui ont marqué la semaine du 22 août, bonne lecture.

Élisabeth Borne rassure sur les très fortes hausses des prix de l’électricité

L’exécutif ne « laissera pas les prix de l’énergie exploser ». C’est ce qu’a promis la Première ministre samedi 27 août, lors d’un entretien accordé au journal Le Parisien.

Cela ne vous a pas échappé, si les prix de l’énergie ont augmenté de manière fulgurante depuis la rentrée 2021, la semaine dernière fut celle d’un record historique. En effet, pour l’année 2023, en France, l’électricité a dépassé le 1000 euros du mégawattheure (MWh). Cette situation a bloqué le marché, personne ne souhaitant contractualiser à de tels montants. La situation inédite en Europe inquiète les ménages et les entreprises, à juste titre.

Bruno Le Maire et Elisabeth Borne indiquent qu’il n’y aura pas de rattrapage sur les prix actuellement plafonnés en 2023, les hausses seraient également contenues pour le gaz. Pour les ménages les plus modestes, des chèques énergie sont prévus. Concernant les entreprises, l’accès à des subventions pour celles qui ne bénéficient pas d’un tarif régulé ou préférentiel d’électricité serait simplifié.

L’exécutif français invite les entreprises à présenter des plans de sobriété

La Première ministre s’est exprimé lundi 29 août 2022 devant le Medef à propos de la crise énergétique. Borne invite les entreprises à la plus grande sobriété énergétique et attend d’elles un plan pour réduire leurs consommations de 10 % sur 2 ans à la rentrée. De son côté, Borne a indiqué que le gouvernement travaillait sur d’éventuelles « mesures de soutien adaptées » pour certaines entreprises.

Le ministre de l’Industrie, Roland Lescure parle, lui, de création d’un marché de l’énergie de gré à gré entre entreprises. Un marché dans lequel les entreprises pourraient se revendre entre elles ce qu’elles n’ont pas consommé. Cette idée est proche du modèle des droits à émettre du CO2 en Europe.

Les 27 ministres de l’Énergie tiendront une réunion extraordinaire le 9 septembre dans le but de décider de mesures adaptées. Certaines sources citant Franceinfo indiqueraient qu’un conseil de défense sur la crise énergétique, présidé par Macron et en présence d’Élisabeth Borne, se tiendrait vendredi 2 septembre au matin.

Gaz : la France qui tente de porter les importations provenant d’Algérie à 50 %

Aujourd’hui, le gaz algérien représente 8 %  des importations françaises en gaz. La France serait donc en discussion avec l’Algérie pour monter cette proportion à 50 %. Selon une source gouvernementale française, les négociations seraient « en bonne voie ».

Électricité : l’Espagne et le Portugal gardent un prix sous contrôle

Tout cela, grâce à la « dérogation ibérique ». Ces deux pays conservent des prix de l’électricité trois fois inférieurs à ceux français et à la plupart des pays européens, mais pourquoi ? La Commission européenne a accordé à ces deux pays de pouvoir se décrocher du système tarifaire européen. Ce régime leur permet de plafonner à 40 €/MWh le prix du gaz utilisé dans la production d’électricité, et ce, au cours des six prochains mois, pour un objectif moyen de 50 € sur 12 mois.

Cette exception s’explique par la place importante du renouvelable dans le bouquet énergétique ibérique et par le manque de connexion des énergies du reste de l’Europe.

Engie annonce que Gazprom réduit à nouveau ses livraisons de gaz

Dans un communiqué datant d’aujourd’hui (mardi 30 août 2022), Engie déclare qu’à la suite d’un désaccord entre les parties sur l’application de contrats, les livraisons de gaz russe seraient réduites à partir d’aujourd’hui.

Les livraisons ont largement diminué depuis le début de la guerre en Ukraine. Engie indique également dans ce communiqué que les volumes nécessaires pour assurer l’approvisionnement de ses clients et pour ses propres besoins sont sécurisés.