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23 mai 2022

Suivi hebdo du 16 au 20 mai 2022 : les clients européens se soumettent aux exigences de Poutine pour acheter leur gaz

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Électricité

Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 16 mai 2022 au prix de 311,01 €/MWh pour fermer vendredi 20 mai à 306,32 €/MWh, soit une baisse de 1,51 %.

Les prix de l’électricité subissent encore les effets des prix élevés du gaz et du charbon. Les problèmes de corrosion dans les centrales nucléaires d’EDF ne sont pas encore résolus. Cela crée donc une incertitude supplémentaire et entraîne une nouvelle hausse des prix.

Gaz

 

Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 16 mai 2022 au prix de 78,66 €/MWh pour fermer vendredi 20 mai à 76 €/MWh, soit une baisse de 3,39 %.

L’approvisionnement en Gaz Naturel Liquéfié (GNL) a diminué, cependant, comme les prix européens restent plus élevés que les prix asiatiques, les livraisons devraient être abondantes en Europe dans les prochaines semaines.

Au début de la semaine, l’approvisionnement depuis la Russie a toutefois connu une nouvelle baisse. L’UE a d’abord déclaré que le paiement en roubles serait possible, sans enfreindre les mesures de sanction. Mais le lendemain, une nouvelle annonce de la Commission européenne a une fois de plus semé la confusion,  ce qui a de nouveau soutenu les prix.

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Les faits marquants de la semaine

L’Europe fait semblant de ne pas accepter les exigences de Poutine

Les actualités de la semaine dernière se concentrent sur :

  • Les géants européens qui acceptent de payer le gaz en roubles ;
  • La continuité des problèmes qui pèsent sur le parc nucléaire français même si le président de l’ASN se veut rassurant ;
  • L’UE qui s’accorde pour remplir ses stocks de gaz à au moins 85 % d’ici novembre ;
  • Le Parlement européen ambitionne de réduire ses émissions de CO2 de 67 % d’ici 2030.

Voici les faits qui ont marqué la semaine du 16 mai, bonne lecture.

Les géants européens acceptent de payer le gaz russe en roubles

La Commission européenne a enfin rendu son document en réponse à l’exigence de la Russie selon laquelle si les pays « inamicaux » souhaitent toujours s’alimenter en gaz russe alors ces derniers doivent le payer en roubles : l’Europe accepte.

Engie en France, Uniper en Allemagne ou bien ENI en Italie peuvent satisfaire le décret de Poutine en appliquant la méthodologie suivante :

  1. Ouverture d’un compte Gazprombank russe en dollars ou en Euros selon le pays d’origine et un autre compte en roubles ;
  2. Le client européen verse l’argent sur le compte dans sa monnaie ;
  3. Gazprombank s’occupe de faire le transfert vers le compte en roubles.

En agissant de la sorte, les clients européens peuvent payer leur gaz russe tout en respectant les sanctions de Bruxelles. Cette solution de contournement démontre à quel point l’Europe tape fort du poing sur la table lorsqu’il s’agit de contraindre Poutine. Ajoutons que cette trouvaille ne garantit aucunement d’éviter les éventuelles ruptures d’approvisionnement.

Le mécanisme de paiement demandé par Moscou « semble être acceptable pour Gazprom et conforme aux sanctions de l’Union européenne », a estimé mardi Catherine MacGregor, la directrice générale d’Engie, lors de la présentation des résultats du premier trimestre . « Nous paierons en euros », a-t-elle insisté. C’est tout ce qui compte.

Continuité des problèmes sur le parc nucléaire français, le président de l’ASN se veut tout de même rassurant

EDF ne sera pas en mesure de redémarrer son réacteur nucléaire Civaux 1 (1,5 GW) avant cet automne, voire en fin d’année. Selon un syndicaliste, ce réacteur nucléaire est le plus affecté par les corrosions parmi tout le parc. En effet, certaines fissures atteignent jusqu’à un mètre de long.
EDF aurait également trouvé une « indication de corrosion » sur le circuit de refroidissement du réacteur Chinon 3. EDF prévoit de contrôler ses 56 réacteurs français d’ici fin 2023, craignant un défaut générique.

Mardi 17 mai 2022, le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) Bernard Doroszczuk a parlé devant le Sénat et a apporté une bonne nouvelle, mais n’a pas écarté le nuage noir qui pèse sur le taux de disponibilité des centrales nucléaires d’EDF. À ce stade, et compte tenu des analyses réalisées par l’énergéticien, les centrales les plus nombreuses en France, les réacteurs de 900 mégawatts (MW), ne seraient pas touchées, ou peu, par le problème de corrosion.

Jeudi 19 mai 2022, les estimations d’impact de la baisse de production nucléaire en France ont été rendues publiques jeudi dernier : 18.5 milliards d’euros contre 11 milliards initialement, déjà revues à la hausse à 16 milliards d’euros en mars dernier.

À la Bourse de Paris, l’action EDF perdait 1,4 % à 8,26 euros dans les premiers échanges ce jeudi.

L’UE s’accorde pour remplir ses stocks de gaz à au moins 85 % d’ici novembre

C’est jeudi dernier que les membres de l’UE se sont mis d’accord pour remplir les stocks de gaz à au moins 85 % d’ici le 1er novembre 2022. Cet accord vise également le fait de partager le stock entre les pays de l’UE. En effet, l’hiver dernier fut celui des préoccupations avec un stockage de gaz très faible, des prix élevés de l’énergie et les nombreuses perturbations de l’approvisionnement en gaz russe.

L’Europe se prépare à une rupture d’approvisionnement en gaz provenant de Russie. Ceci pourrait provoquer un choc sur les marchés européens du gaz et donc aurait un fort impact négatif sur les entreprises et ménages européens.

Le Parlement européen ambitionne de réduire ses émissions de CO2 de 67 % d’ici 2030

Si d’un côté, l’UE remplit ses stocks de gaz pour l’hiver prochain, de l’autre, le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’une diminution des émissions de 67 % d’ici 2030. Mercredi 18 mai , la commission européenne proposait de libérer 250 millions de droits d’émission de CO2 provenant des réserves dans le but de financer en partie la fin de la dépendance de l’UE vis-à-vis des énergies fossiles russes.