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31 janvier 2022

Suivi hebdo du 24 au 28 Janvier 2022 : EDF en grève

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Électricité

Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 24 janvier à un prix de 131,34 €/MWh et s’est clôturé vendredi 28 janvier à 155,10 €/MWh, soit une hausse de 18,09%.

Cette semaine, les prix de l’électricité ont, à nouveau, suivi les tendances haussières des marchés du gaz et du carbone.

Le CO2 a commencé la semaine sur un ton haussier, soutenu par l’augmentation des prix du gaz et des marchés financiers. Le prix du charbon a aussi augmenté cette semaine, poussé par la forte demande chinoise. En effet, cette dernière a dépassé la quantité disponible.

Gaz

Lundi 24 janvier, le prix TTF CAL 2023 a ouvert à 44,68€/MWh et fermé le vendredi 28 janvier au prix de 56,25 €/MWh, soit une hausse 25,90%.

Le conflit russo-ukrainien (on vous en parlait semaine dernière) est l’une des raisons principales de la hausse de prix cette semaine. Le marché est inquiet quant à l’approvisionnement du gaz à la suite des déclarations des Etats-Unis sur un éventuel blocage du gazoduc Nord Stream 2 en cas d’invasion russe de l’Ukraine.

L’accroissement des prix JKM en Asie rend la concurrence entre l’Europe et l’Asie sur la réception des cargaisons de GNL plus tendu.

Alors que l’offre russe a augmenté cette semaine, l’offre norvégienne a baissé à partir de jeudi à la suite d’une panne imprévue sur le champ gazier de Troll et l’usine de traitement du gaz de Kollsnes. Les prévisions de températures froides pour la semaine augmentent la demande de gaz pour le chauffage.

Drivers

Les faits marquants de la semaine

ARENH : EDF en grève face à l’augmentation du volume de l’ARENH

Mercredi 26 janvier l’intersyndicale d’EDF composée de la CGT, FO, la CFDT et la CFE-CGC a appelé à faire grève contre les mesures du gouvernement pour contenir la hausse des prix de l’énergie.

De 42,72% (selon le groupe) à 51% (selon les syndicats) des salariés se sont mobilisés. C’est un mouvement historique puisque même les syndicats de la direction s’opposent à la décision gouvernementale.

 

Quelle mesure déclenche la colère des syndicats d’EDF?

L’Etat, actionnaire majoritaire d’EDF (84% des actions), a demandé en ce début d’année à EDF de vendre davantage d’électricité à prix réduit. Le volume d’ARENH passe donc de 100 à 120 TWh pour que les fournisseurs aient moins à recourir au marché pour se fournir en électricité.

Cette mesure a pour but de limiter à 4% l’augmentation du prix du tarif réglementé pour les foyers français.

Dès mercredi matin sur France 2, le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale Christophe Castaner affirmait que sans cette augmentation du volume d’ARENH, c’est une « augmentation de 44% » qui aurait été répercutée par les français.

 

Quelles sont les raisons de la grève à EDF ? 

Le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a parlé d’un « véritable choc » dans un message adressé à ses salariés. Pourquoi cette mesure est-elle aussi impopulaire ?

  1. Parce qu’elle coûte près de 8 milliards à EDF : un manque à gagner destiné à « entretenir son parc actuel » d’après la déléguée syndicale CFE-CGC Energie Amélie Henri.
  2. Parce qu’à long terme, ce sont les citoyens qui en paieraient le prix : même si l’Etat interdit à EDF de rattraper le coût de cette mesure dans les factures de 2023, Fabrice Coudour de la CGT affirme à l’AFP qu’il existerait un paiement différé à travers l’impôt : « Parce que s’il y a une recapitalisation, tous ces milliards dilapidés, le citoyen lambda les paie aussi. »
  3. Parce que EDF est déjà en difficulté : le chantier du réacteur EPR de Flamanville accuse des retards et l’augmentation de son coût. L’action EDF a perdu 22% de sa valeur depuis le début d’année. Les grévistes craignent donc pour l’avenir du groupe, leurs emplois et une éventuelle privatisation de certaines branches.

Selon Éric Kozlowski, délégué syndical CFE-CGC à la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne), d’autres solutions étaient possibles comme une TVA ramenée à 5,5% contrairement aux 20% actuels. C’est ce qu’a fait l’Espagne en diminuant la TVA de 21% à 10%.

En plus du mouvement social de mercredi, jeudi dernier les syndicats d’EDF ont affirmé qu’ils lanceront des actions en justice pour empêcher l’Etat de plafonner les factures d’électricité des consommateurs.

 

L’Etat soutiendra mais ne nationalisera pas EDF

« L’Etat soutiendra toujours EDF et ses salariés par tous les moyens » a déclaré une source anonyme du ministère des finances. Cette même source indique que lorsque les prix de l’électricité étaient bas, l’Etat avait soutenu le groupe.

L’Etat est actionnaire majoritaire mais il n’est pas question de renationaliser EDF. En effet : « il n’y a pas de scénario de cette nature sur la table » s’exprime cette même source.

Mercredi 26 janvier, 5 réacteurs ont fonctionné en capacité limitée soit une réduction de 2,9% de la production d’électricité en France.