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13 mai 2024

Solaire ou éolien : pourquoi les entreprises préfèrent le photovoltaïque ?

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L'énergie solaire et éolienne se développent ensemble pour accomplir la transition énergétique

Le vent tourne et la roue s’enraye et ne tourne plus. Car, n’en déplaise à Franck Ribéry ou à la météo, la tendance est au soleil dans l’Hexagone sur les dernières années. Plus que les éoliennes, ce sont les panneaux photovoltaïques qui ont la cote. Une tendance qui devrait se poursuivre dans un avenir proche. Mais pourquoi le développement du photovoltaïque a-t-il pris une telle ampleur en quelques années, alors que le secteur était bien plus en retard auparavant ? Pour les entreprises, le solaire va-t-il devenir la solution privilégiée pour des projets en autoconsommation ou en contrat d’achat direct (PPA, Cader…) ? L’éolien présente-t-il d’autres avantages pour se greffer à votre profil énergétique de consommation ? Et comment cet ensemble s’inscrit-il dans la politique énergétique de la France ? 

Décryptage de la – saine – concurrence qui se joue entre ces deux énergies renouvelables et des raisons qui poussent des industriels, des entreprises tertiaires ou des agriculteurs à choisir des projets parfois photovoltaïques, parfois éoliens.

Partout, le photovoltaïque a le vent en poupe

Au début de l’année 2024, la publication du baromètre Observ’ER ne laissait pas de place au doute. Le bilan est implacable sur l’année précédente : en France, le photovoltaïque est devenu le moteur de la transition énergétique avec 3 GW installés et raccordés au réseau, selon Enedis, alors que l’éolien terrestre marquait le pas – et que l’éolien en mer est encore dans une phase de développement embryonnaire. Le solaire a ainsi gagné 30 % de capacité installée en un an et le secteur visait alors 4 GW pour 2024. 

Sans que cela ne suffise à remplir les objectifs fixés pour le pays, l’émergence du solaire permet d’espérer avancer rapidement vers un modèle de production décarboné et hors des fossiles. Les entreprises, quant à elles, se tournent vers des modèles d’autoconsommation ou de PPA qui là encore favorisent le solaire. Au niveau européen, pour la première fois, la puissance des installations photovoltaïques faisant l’objet d’un PPA en 2023 dépassait même celle des installations éoliennes (6,1 GW contre 3,4 GW). Et au niveau mondial, ce rythme de croissance pourrait permettre au solaire d’être la première source d’énergie au niveau de la puissance installée dès 2025 ! 

Chez les entreprises, un solaire plus facile d’accès

Depuis la crise de l’énergie de 2022, les entreprises se sont tournées massivement vers des projets d’autoconsommation. Et dans ce cadre, le solaire est nettement plébiscité, même si des projets éoliens pour créer des sites à « énergie positive » existent par ailleurs. Le choix des panneaux photovoltaïques se repose notamment sur le défi de l’installation et de la valorisation de son foncier. Vous imaginez aisément qu’on ne pose pas une turbine éolienne en un claquement de doigt. Il faut notamment identifier un terrain disponible et obtenir les autorisations, sous peine de voir les recours se multiplier. 

Ainsi, la question de l’acceptabilité du projet par les riverains est cruciale pour l’éolien, là où le solaire est nettement moins visible et laisse donc davantage indifférent. « Année après année, les lenteurs administratives sont les mêmes et seul 20 % du territoire est éligible » à l’installation d’éolien terrestre selon Frédéric Tuillé, responsable des études pour Oberv’ER. En dehors de rares exceptions de projets concertés et acceptés localement, le délai généré par les recours contre l’installation de pales électriques est estimé à 10 ans en moyenne. Un frein considérable pour attirer les entreprises sur ces projets. 

À l’inverse, les panneaux photovoltaïques bénéficient de leur côté plus petits, plus modulables et adaptables à pratiquement tous les contextes. Par conséquent, en l’espace de quelques années, l’installation de panneaux solaires est devenue un geste quasi anodin. Des offres plug and play ont vu le jour pour les particuliers. Aujourd’hui, l’Allemagne affiche un nombre impressionnant de « balcons solaires » : plus de 400 000 dénombrés. Sur le site des entreprises, qu’il s’agisse d’une usine, d’un vaste hangar bordé par un parking ou d’un immeuble de bureaux tertiaires, de nombreux espaces peuvent être rentabilisés en y intégrant des panneaux. C’est notamment dans cette perspective que le gouvernement a fait le choix d’appuyer sur l’obligation des ombrières de parking. 

Néanmoins, pour une entreprise, si le choix d’une installation solaire peut permettre de faire des économies importantes et d’amortir son investissement rapidement en évitant de s’exposer à la volatilité du marché, il est nécessaire de bien prévoir en amont le dimensionnement de son installation. Le choix du solaire nécessite de comprendre la bonne stratégie à avoir pour valoriser cette installation, comme n’importe quel actif, en misant sur une autoconsommation raisonnée, une revente profitable… voire les deux. L’idéal est d’être accompagné pour son projet photovoltaïque, afin de bien définir son dimensionnement. 

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Une réglementation qui incite les entreprises à s’emparer du solaire 

En 2023, la loi Aper (qui a donné lieu à l’obligation des ombrières) a significativement marqué le développement du solaire. Après une année 2022 compliquée pour le nucléaire et l’hydraulique, dans un contexte d’envolée des prix du gaz, il s’agissait aussi de « réduire les dépendances énergétiques révélées brutalement par la guerre en Ukraine. [Et] les futurs objectifs de programmation énergétique doivent confirmer cette dynamique et la place de l’énergie solaire dans le mix électrique français », précisait Enerplan à ce sujet dans les colonnes de La Tribune. 

Ainsi, la France doit laisser une large place au développement des énergies renouvelables dans sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3). Cependant, la feuille de route finale se fait encore attendre. La Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC), présentée par Agnès Pannier-Runacher fin 2023, a été coupée net avec le remaniement de janvier 2024, tandis que le projet de loi sur la souveraineté énergétique a finalement été mis sous le tapis. Le décret de la PPE3 se fait attendre. La SFEC présentait toutefois un objectif clairement réhaussé pour le photovoltaïque : 54 à 60 GW en 2030 (au lieu de 35 à 44 GW en 2028).

Mais qui va produire les panneaux français ou les pales françaises ?

Depuis le début de l’année 2024, le secteur des énergies renouvelables est sujet à une crise en profondeur. Alors qu’elle doit être développée à grande échelle, avec une demande croissante pour de l’autoconsommation ou pour des contrats d’énergie à long terme type PPA, la production des outils nécessaires à l’exploitation de ces énergies pose problème. Cela est notamment dû au choix des États-Unis de fermer leur marché avec l’IRA (Inflation reduction act), un paquet de mesures protectionnistes sur la transition écologique.

À la suite de cette mesure, la Chine a redirigé son offre et inonde l’Europe de panneaux photovoltaïques bradés, avec des prix jusqu’à 4 fois inférieurs. Résultat, les entreprises et les usines de fabrication européennes souffrent. Systovi, à côté de Nantes, a été contraint de cesser ses activités. Meyer Burger, géant du secteur, a préféré fermer son usine en Allemagne pour se concentrer sur le marché étatsunien. La situation est complexe pour les fabricants, tandis que le gouvernement annonce toujours un objectif de 40 % de modules renouvelables installés d’origine européenne en 2040.

Pour atteindre ce doublement du rythme actuel de déploiement, l’exécutif mise sur une législation favorable. L’idée est notamment de s’appuyer sur le foncier des entreprises et des particuliers. Le photovoltaïque présente d’ailleurs l’avantage de pouvoir utiliser des sols déjà artificialisés. Ainsi, le solaire fait l’objet depuis plusieurs mois de réglementations successives. Il s’agit autant d’obligations faites aux propriétaires que d’incitations via des décrets comme celui sur l’agrivoltaïsme. Cet ensemble d’avancées réglementaires rend le solaire très attractif. 

Trop attractif ? Pour limiter une chute des prix due au rythme élevé de raccordements photovoltaïques, le gouvernement surveille de près, par exemple, le calcul pour les prix de revente fixés par la CRE. L’objectif actuel est d’offrir une vraie attractivité pour cette solution. Cela passe par de nouvelles formes de contractualisation, novatrices, comme l’autoconsommation collective à l’échelle d’une zone artisanale, d’une collectivité territoriale, d’une copropriété… Dans le cadre de la loi Aper, des zones d’accélération des énergies renouvelables doivent également être définies. Mais cela concerne aussi bien le solaire que l’éolien.

Choisir l’énergie qui convient à son activité grâce au Power purchase agreement

En tant qu’entreprise, pour agir en faveur du renouvelable, vous pouvez opter pour des contrats d’achat d’énergie en direct avec le producteur (Cader ou PPA) et intégrer de l’éolien ou du solaire dans votre consommation. Cela vous permettra d’associer votre gestion de l’énergie à votre politique RSE, mais aussi de gagner en visibilité sur les prix. En effet, le principe du PPA est de s’engager sur un volume de consommation pendant plusieurs année (10 à 15 ans en moyenne). Cela permet notamment d’assurer les investissements nécessaires au déploiement de nouvelles centrales renouvelables. Par exemple, la SNCF a fait le choix de l’éolien pour son PPA de 93 GWh par an, sur 25 ans, annoncé en mai 2024.

Par conséquent, il est réducteur d’opposer éolien et solaire dans la production d’énergie renouvelable. D’ailleurs, sans avoir les faveurs au niveau des installations nouvelles, le vent a tout de même montré son potentiel de production l’année dernière. Il faut dire que les deux sources d’énergie ont des contraintes qui les rendent… finalement assez complémentaires. Ainsi, le solaire et l’éolien peuvent sur certaines saisons apporter une solution sur de longues périodes de production. Le vent prend généralement le relai en début et en fin de journée, lorsque le soleil ne rayonne plus à pleine puissance. L’éolien peut ainsi être nécessaire pour répondre au phénomène de la courbe d’appel sur le réseau en « dos de canard », induite par la production solaire au fil de la journée. 

Ainsi, les énergies renouvelables (solaire, éolien ou hydraulique) peuvent répondre aux besoins énergétiques de votre entreprise. Il s’agit surtout pour vous d’identifier celle qui s’intégrera le mieux à votre profil énergétique. Si votre activité nécessite un travail en 3×8, l’éolien paraîtra plus adapté. Mais si vos besoins sont importants uniquement en journée, et aux beaux jours, c’est alors probablement le photovoltaïque qui sera plus efficace. C’est l’étude de vos habitudes de consommation qui guidera l’énergie qui vous convient.