Hausse généralisée des prix
Drivers
Analyse et chiffres clés des marchés en France
Électricité
Le CAL BL 2023 a démarré le mois à un prix de 205 €/MWh et s’est clôturé vendredi 29 avril à 258,50 €/MWh, soit une hausse de 26,10 %.
La courbe du CAL BL 2023 a été marquée par des prix bien plus hauts que ceux du mois de mars. Celle-ci a presque frôlé la barre des 260 €/MWh. Il est fort possible que la tendance des prix du marché de l’électricité ait été dirigée par celles du marché du gaz, du carbone et aussi du charbon.
La flambée des prix a été poussée par l’indication de sortie de résultats en mai concernant les éventuelles corrosions dans la tuyauterie du réacteur Chinon B-3 d’EDF. Cette annonce pourrait bouleverser les prix du marché de l’électricité, étant donné que ce type de réacteurs représente 32 sur les 56 unités actuellement en service.
Gaz
Le TTF 2023 est passé d’un prix de 72,01 €/MWh le vendredi 1er avril au prix de 78,77 €/MWh, le vendredi 29 avril, soit une hausse de 9,39 %.
Bien que la variation mensuelle du TTF 2023 soit inférieure à 10 %, le gaz européen a atteint un prix de 84,61 €/MWh durant le mois d’avril. Cette hausse s’est fait remarquer en particulier la dernière semaine de ce mois. Celle-ci est due au contexte énergétique européen : faible stockage et dépendance aux pays producteurs mais surtout à l’ensemble des maintenances non planifiées des champs gaziers. En effet ces maintenances ont causé une forte baisse des flux norvégiens. Ce rajoute à cela, la déclaration de l’entreprise publique polonaise PGNIG, spécialisée dans l’extraction et le stockage de gaz et pétrole, selon laquelle Gazprom allait suspendre son contrat de livraison de gaz à partir du 27 avril. La raison de cette suspension ? Le refus de la Pologne de payer ses factures en roubles. Cette décision a soulevé de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir de l’approvisionnement russe vers les autres pays européens.
Les faits marquants du mois d’avril 2022 : l’avenir nucléaire français perturbé par les corrosions
Nous sommes le 4 mai. Qui dit début de mois, dit que nous remplaçons notre note de marché hebdomadaire par notre revue mensuelle.
Que s’est-il passé en avril ? Quelles actualités ont coloré le marché de l’énergie ?
- L’Allemagne qui fait baisser l’offensive de l’UE sur la Russie pour maintenir son gaz ;
- La Russie qui table sur l’Est pour vendre son gaz ;
- EDF fragilisé par de nouvelles suspicions de corrosions sur d’autres réacteurs ;
- La Russie qui suspend son contrat de livraison à la Pologne et à la Bulgarie.
Nous revenons sur les faits qui ont marqué le mois.
L’Allemagne résistait à l’intention de l’UE de sanctionner le gaz russe
Le ministre allemand des finances, Christian Lindner, avait déclaré avoir rejeté l’embargo de l’UE sur les importations de gaz russe. Les sanctions souhaitées par l’UE à l’encontre des intérêts russes ont été jugés trop néfastes pour l’Allemagne selon Lindner.
Lindner indiquait néanmoins que « nous avons affaire à une guerre criminelle », il déclarait à ses collègues de l’UE à Bruxelles que « le gaz ne peut pas être remplacé à court terme. Nous nous infligerions plus de dégâts qu’à eux. » Les analystes économiques confirmaient que l’Allemagne serait confrontée à une forte récession si elle arrêtait d’importer du gaz russe.
La Russie annonçait compter sur l’Est pour envoyer ses flux de gaz
Poutine annonçait le mois dernier que son pays s’efforcerait de rediriger ses exportations d’énergie vers l’est et déclarait par la même occasion que l’Europe n’était pas en mesure d’abandonner immédiatement le gaz russe.
En effet, le Kremlin a noué des liens plus étroits avec la Chine (premier consommateur mondial d’énergie) ainsi que d’autres pays asiatiques. Cependant, cet approvisionnement ne pourra pas se faire du jour au lendemain et demandera de nouvelles infrastructures. Il n’y a donc rien de concret pour le moment.
L’Europe est aujourd’hui le premier consommateur de gaz russe mais celle-ci travaille sur son indépendance. Poutine cherche donc une nouvelle destination à son gaz en prévision de la perte de son client principal.
EDF fragilisé par des suspicions de corrosions sur d’autres réacteurs
C’est ce qu’indiquait une note d’information publiée par le groupe français le 14 avril. De nouveaux réacteurs rencontreraient le même problème de corrosion identifié pour la première fois fin 2021. Ces problèmes ont été détectés sur des portions de tuyauteries des réacteurs de Chinon B3, Cattenom 3 ainsi que Flamanville 2.
Julien Collet, le directeur général adjoint de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) déclarait au journal « Les Echos » qu’ « à Chinon, le contrôle par ultrasons a mis en évidence un doute. Pour autant, nous ne pouvons pas encore dire s’il y a fissure ou pas ». C’est désormais à EDF d’effectuer toutes les vérifications en laboratoire, en démontant ces portions de tuyau afin de confirmer ou non le phénomène de corrosion sous contrainte et si oui, de quelle taille sont ces fissures.
La production nucléaire n’a jamais été aussi faible depuis une dizaine d’année. Le lundi 25 avril 2022, la production de nucléaire en France était d’environ 29 000 MWh/h. Le mardi 25 avril 2021, elle était d’environ 35 000 MWh/h. Les résultats des études complémentaires menées par EDF sont prévues mi-mai. Si les suspicions sont confirmées, l’impact serait considérable (32 des 56 unités opérationnelles sont concernées).
La Russie suspend son contrat de livraison à la Pologne et à la Bulgarie
Mardi 26 avril au soir, les prix ont grimpé en flèche à la suite de l’annonce de la Russie sur l’arrêt de fourniture de gaz à la Bulgarie et la Pologne. Les livraisons sont stoppées par Gazprom car les deux pays ont refusé de payer en roubles.
Les 27 ministres de l’Énergie de l’Union européenne se sont réunis lundi dernier après cette décision. Ils se sont penchés sur la possibilité de stocker le gaz et de trouver d’autres sources d’approvisionnement. Mais selon la commissaire européenne à l’Énergie, ce ne sera possible à court terme que pour deux tiers des besoins des Européens.