Suivi hebdo du 5 au 9 septembre 2022 : l’Allemagne et la France procéderont à des échanges énergétiques en cas de besoin

Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 5 septembre 2022 au prix de 590 €/MWh pour fermer vendredi 9 septembre à 552,33 €/MWh, soit une baisse de 6,38 %.

Court-terme : les marchés de l’électricité court-terme retrouvent, dans le courant de la semaine, des niveaux proches de ceux atteints début août avec un Baseload journalier aux alentours des 400 €/MWh. Des températures supérieures aux normales ainsi qu’un gisement éolien et solaire de bon niveau permettent de rééquilibrer quelque peu un marché en tension sur les trois dernières semaines. Si la disponibilité nucléaire reste faible, elle est cependant en légère hausse durant la semaine pour atteindre le 12 Septembre les 24 GW. Plusieurs redémarrages progressifs sont attendus d’ici la fin du mois afin d’entrevoir la possibilité de recouvrer 35 GW de disponibilité avant début octobre puis une remise en opération plus soutenue d’ici le 1er décembre avec 50 GW en opération.

Pour rappel, le 2 septembre 2022, Edf s’engageait via la ministre de la Transition Énergétique à redémarrer tous les réacteurs pour cet hiver.

Sur les 32 réacteurs arrêtés actuellement :

• 12 seront remis en service courant septembre 2022 ;
• 5 en octobre 2022 ;
• 7 en novembre 2022 ;
• 3 en décembre 2022 ;
• 2 en janvier 2023 ;
• 2 en février 2023.

Long-terme : sur les marchés à terme, la dynamique initiée la première semaine de septembre se produit alors que tous les regards sont posés vers les décisions politiques de soutien attendue dans leur version détaillée le 13 septembre 2022. Les ministres européens semblent avoir trouvé des points d’accord autour de mesures communes mêlant l’obligation à consommer moins en période de pointe, à plafonner les revenus des technologies dites « infra-marginales », voir notre article sur les mesures européennes, à éventuellement plafonner le prix d’import du gaz russe et à soutenir le complexe d’approvisionnement européen par des mesures financières à destination des fournisseurs d’énergie.

La semaine du Forward Cal23 en Baseload aura finalement été relativement calme dans un environnement global attentiste vis-à-vis des décisions politiques. Le Cal23 clôture la semaine à 552,33 €/MWh en baisse de 40 €/MWh dans des volumes d’échange essentiellement concentrés les mardi 6 et mercredi 7, vraisemblablement à la suite d’arbitrages favorables à des prises de position sur un seuil plus stabilisé.
Les calendaires 24 et 25 suivent la même tendance en baisses respectives de -4,72 % et -12,87 % à 276,30 et 209,11 €/MWh.

Il est à noter une très forte diminution du spread (différence de prix) entre l’Allemagne et la France dû à la convergence des politiques nationales respectives dans ce contexte exceptionnel. Un si faible écart n’avait plus été observé depuis de nombreuses semaines.

Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 5 septembre 2022 au prix de 182,6 €/MWh pour fermer vendredi 9 septembre à 191,15 €/MWh, soit une hausse de 4,68 %.

[NDLR : nous enrichissons notre note de marché avec l’évolution hebdomadaire du prix PEG puisque ce dernier est actuellement plus intéressant que le TTF]

Le prix PEG CAL 2023 a ouvert lundi 5 septembre 2022 au prix de 172,35 €/MWh pour fermer vendredi 9 septembre à 179,96 €/MWh, soit une hausse de 4,42 %.

Court-terme : sur le court-terme, la tendance de fond est au nivellement entre les cotations journalières spot, Q4-2022 et Q1-2023 puisque seuls 34 €/MWh séparent le prix de clôture d’une livraison en octobre à 167 €/MWh avec celui d’une livraison au premier trimestre 2023 à 201 €/MWh.

Bien que le terminal de Montoir de Bretagne soit en maintenance du 10 au 16 septembre et se voit affecté d’une réduction de capacité de 20 %, la France a d’ores et déjà atteint son objectif de remplissage de ses stocks de gaz souterrains dont le taux atteint désormais les 94 %. De fait, la tension sur les cours journaliers diminue et aplanit la courbe des prix sur les six prochains mois.

Si les mesures annoncées par les ministres européens de l’Énergie ont contribué à temporiser la volatilité très présente depuis la fin août, c’est bien du côté de fondamentaux solides qu’il faut également chercher les raisons de l’accalmie actuelle. Les prix restent malgré tout élevés et intègrent la rupture complète d’approvisionnement européen via Nordstream 1 ainsi que le coût du GNL à l’import.

Long-terme : sur la courbe, l’année 2023 connait une relative stabilité tout au long de la semaine, sans information majeure. 2024 et 2025 accusent cependant une hausse respective de 17 % et 20 % par une reprise soutenue de l’activité de négoce sur ces maturités et un effet de contagion du statu quo au-delà de la seule année 2023.

Les actualités de la semaine dernière se concentrent sur :

• Les stations de ski qui réfléchissent à réduire leur consommation cet hiver ;
• L’Allemagne et la France qui vont procéder à des échanges énergétiques en cas de besoin ;
• Poutine qui menace : « Nous ne fournirons pas de gaz, de pétrole, de charbon, de fioul domestique, nous ne fournirons rien » ;
• Un conseil extraordinaire européen sur le transport, les télécommunications et l’énergie qui s’est tenu vendredi 9 septembre 2022.

Voici les faits qui ont marqué la semaine du 5 septembre, bonne lecture.

Les stations de ski réfléchissent à réduire leur consommation cet hiver

Face au risque de pénurie d’énergie cet hiver, le gouvernement incite les Français, qu’ils soient particuliers ou professionnels, à réduire leur consommation à hauteur de 10 % sur deux ans. Les stations de ski ne sont pas épargnées. En effet, nous apprenions à la toute fin août que les domaines skiables de Savoie et de Haute-Savoie sont en réflexion quant à leur réduction de consommation d’énergie, il se pourrait donc que l’offre soit réduite pour les vacanciers.

Les pistes de réduction de consommation sont les suivantes :

• Réduction de la vitesse des télésièges : ce poste représente 90 % de la consommation énergétique des stations. Ce changement est quasiment imperceptible pour le consommateur puisqu’il ne grimpera en haut des piste qu’une minute plus lentement alors que la facture elle, grimpera nettement moins ;
• Les canons à neige tourneront plus tôt que d’habitude ;
• D’autres réflexions plus locales comme baisser de 0,5 degrés la température dans les bureaux seront mises en place.

L’Allemagne et la France vont procéder à des échanges énergétiques en cas de besoin

Le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi 5 septembre que la France allait accentuer ses livraisons de gaz alors que l’Allemagne pourra approvisionner la France en électricité en cas de situation de pénurie. Ces déclarations viennent renforcer la solidarité européenne exprimée ces derniers mois face au risque de pénurie énergétique de l’hiver prochain.

Poutine menace : « Nous ne fournirons pas de gaz, de pétrole, de charbon, de fioul domestique, nous ne fournirons rien »

Vladimir Poutine a menacé de bloquer l’approvisionnement d’énergie en Europe en cas de plafonnement des prix. Ces déclarations du président russe arrivent après la déclaration de la Commission européenne (CE) qui souhaite proposer un plafonnement du prix du gaz russe parmi d’autres mesures dont le but est de surmonter la crise énergétique actuelle.

Poutine a d’ailleurs qualifié  cette idée de « stupide ».

Un conseil extraordinaire européen sur le transport, les télécommunications et l’énergie s’est tenu vendredi 9 septembre 2022

La réunion extraordinaire des ministres européens de l’Énergie s’est déroulée vendredi 9 septembre 2022, afin de trouver des actions à court terme pour soulager la situation énergétique. La discussion a fait ressortir quatre domaines principaux sur lesquels agir :

1. Le plafonnement des revenus des producteurs d’électricité confrontés à de faibles coûts de production ;
2. Un éventuel plafonnement des prix du gaz ;
3. Des mesures visant à une réduction coordonnée de la demande d’électricité dans toute l’UE ;
4. Des mesures contribuant à résoudre le problème de la diminution des liquidités.

Les ministres ont présenté l’état d’avancement quant à la préparation de leur pays pour cet hiver. En effet, les États membres de l’UE ont mené des actions au niveau national telles que le fait de remplir les stockage de gaz (actuellement remplis à 82,5 % de la capacité bien avant l’échéance du 1er novembre fixé) et les partager avec les autres États membres, diversifier les sources d’approvisionnement du gaz et réduire le besoin de 15 % pour cet hiver…

De plus amples informations seront partagées par un article de notre part dans la journée du mardi 13 septembre.