Voici les faits qui ont marqué les marchés du gaz et de l’électricité depuis le 12 juillet
L’actualité de l’énergie a été marquée cet été par :
- le bilan semestriel de RTE qui confirme le nouvel équilibre du réseau électrique français et la force d’exportation du pays ;
- EDF qui défend son accord de vente du nucléaire pour l’après-Arenh malgré les incertitudes politiques ;
- un bilan mitigé pour la 5e période des CEE, à mi-parcours ;
- des craintes géopolitiques au Moyen-Orient et en Russie qui pèsent toujours sur les cours du gaz et du pétrole…
Le bilan semestriel de RTE confirme une consommation en retrait en France… et des exportations record !
Malgré une crise de l’énergie dans le rétroviseur, le bilan de la consommation électrique française confirme les tendances issues de ces années difficiles. Un nouvel équilibre semble avoir été trouvé sur le réseau électrique hexagonal. Ainsi, les incitations à la sobriété électrique produisent encore leurs effets. Si la consommation est légèrement en hausse par rapport au premier semestre 2023 (+0,4 %), cela signifie une baisse d’au moins 5 % par rapport à la période 2014-2019 (hors aléas climatiques).
Or, dans le même temps, l’offre en France a retrouvé son niveau d’avant-crise, avec 272 TWh produits sur les six premiers mois, soit 9 % de plus que l’année passée, avec un recours historiquement faible aux énergies fossiles (une centaine d’heures pour le charbon). Cela est dû à une production hydraulique au plus haut, tandis que la disponibilité nucléaire continue sa remontée et que le déploiement de l’éolien et du photovoltaïque se poursuit.
Ce nouvel équilibre a provoqué des prix spot en baisse et parmi les moins chers en Europe, en moyenne. Seule l’Espagne se situe en dessous (39 €/MWh contre 46 en France). Par conséquent, les tarifs de l’électricité à terme se sont stabilisés autour des 100 €/MWh, parvenant même sous le niveau allemand au cours du mois de juin (p. 12 du bilan). Autre effet de ce bon équilibre entre offre et demande, la France a été très largement exportatrice au cours de ces six premiers mois et a battu son propre record (43 TWh, contre 18 TWh en 2023).
Cependant, dans son rapport, RTE souligne que ce rapport de force entre offre et demande sur le réseau électrique français doit inciter à revoir les mécanismes de régulation. Il s’agit notamment de faire appel à davantage de flexibilité de la demande, lorsque cela est possible, afin qu’elle soit principalement fléchée sur les périodes de forte production – par exemple en journée, l’été, avec une forte offre provenant des centrales solaires avant le rebond « en dos de canard » de fin d’après-midi. RTE note dans son rapport que « pour faciliter l’intégration des énergies renouvelables dans le système, le développement de nouvelles flexibilités (notamment flexibilités de la demande et stockage) doit constituer une priorité ».
Enfin, le gestionnaire de réseau estime que les moyens de production doivent être en capacité de moduler leur activité à la baisse lorsque l’offre est trop importante par rapport à la demande. En effet, la France a connu un nombre record de prix négatifs, ces périodes qui obligent les producteurs à payer pour écouler leur surplus. Cela reviendrait notamment à passer pour les renouvelables solaires et éoliens du système de l’obligation d’achat – qui incite à produire en permanence, au maximum de ses possibilités, la rémunération étant garantie – à celui du complément de revenu.
Et en bref, cet été :
- l’entreprise Enerdigit, spécialisée dans les opérations d’effacement électrique, a levé plus de 40 millions d’euros pour poursuivre son développement ;
- dans l’attente d’une majorité à l’Assemblée, EDF défendra malgré tout l’accord initialement trouvé pour la vente de son énergie nucléaire ;
- les lignes électriques vont devoir être scrutées et parfois rapidement modernisées pour répondre à la menace d’aléas climatiques plus nombreux ;
- le bilan à mi-parcours de la période en cours pour les CEE est assez contrasté, avec seulement 534 TWhc délivrés (dont 380 TWhc de CEE classiques) ;
- [en anglais] une note de Bloomberg estime que le coût de la décarbonation de l’industrie sera élevé… mais qu’il est atteignable ;
- la justice a suspendu les travaux préparatoires à la ligne sous-marine très haute tension nécessaire pour la création d’une nouvelle interconnexion entre la France et l’Espagne ;
- le pétrole a subi quelques hausses, liées au contexte géopolitique tendu et des indicateurs économiques favorables à la demande, depuis le début du mois d’août, mais reste à un niveau sous le seuil des 80 $ le baril grâce aux importants stocks étatsuniens;
- le gaz est lui reparti à la hausse après l’incursion ukrainienne en Russie, dans la région stratégique de Koursk, qui fait peser un risque sur les capacités d’exportation en GNL ;
- enfin, les dernières estimations de la CRE pour les boucliers gaz et électricité font état d’un coût de plus de 20 milliards d’euros pour l’État français.