Électricité
Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 10 octobre 2022 au prix de 530,81 €/MWh pour fermer vendredi 14 octobre à 550,55 €/MWh, soit une hausse de 3,72 %.
Court-terme : la tendance amorcée depuis le début du mois d’octobre sur les marchés court-terme de l’électricité se poursuit avec des cotations moyennes de jour en jour ne dépassant pas la marque des 300 €/MWh et mêmes circonscrites sous les 200 €/MWh depuis le week-end du 15 octobre. Les températures très clémentes pour la saison, pour ne pas dire anormales pour un début d’automne, aident les marchés à tempérer les retards à répétition dans le redémarrage tant attendu des centrales nucléaires. Les mouvements sociaux perturbent la reprise normale des montées en charge sur les réacteurs dont les travaux de maintenance sont achevés pour certaines. La semaine dernière a vu la production électrique française tutoyer le seuil des 30 GW de production (sur les 50 annoncés d’ici début décembre) avant de reprendre, en ce début de semaine, au même niveau que celui de début octobre à 25 GW. La marche semble encore haute à franchir et les marchés à terme semblent anticiper une déception. Novembre 22 cote toujours au-delà des 500 €/MWh en très forte baisse cependant par rapport à la fin septembre. Décembre 22 voit malgré tout sa cotation ne pas décrocher d’un niveau supérieur à 1000 €/MWh. Cet écart entre un marché journalier actuellement à 200 €/MWh, novembre à 500 puis décembre à 1000 est symptomatique d’un marché très averse au risque de déconvenue dans le cas d’un retard avéré de la reprise de la production nucléaire alors même que les cotations en gaz naturel sur le court-terme présentent une configuration baissière marquée. Une prime de risque d’ailleurs en décalage avec les marchés voisins présentant des cotations sous les 500 €/MWh pour tout l’hiver et notamment en Allemagne. Le premier trimestre de 2023 cote toujours aux 1000 €/MWh en baseload et 1800 euro en Peakload.
Long-terme : l’érosion trop lente des prix sur le court-terme en France contient encore la cotation Cal 23 à des niveaux élevés et le marché ne semble pas chercher à percer les 530 €/MWh connus le 5 octobre dernier. En latéralisation depuis près de 10 jours, Cal 23 et Cal 24 n’ont pas connu, la semaine dernière, d’évolution notable, dans l’attente de fondamentaux encore plus convaincants afin de prendre le pas sur l’évolution des marchés voisins. Le marché allemand pour 2023 s’approche du niveau des 400 €/MWh tandis que les cotations françaises avoisinent les 550 €/MWh pour l’année 2023 et toujours 270 €/MWh pour l’année 2024.
Gaz
Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 10 octobre 2022 au prix de 165,21 €/MWh pour fermer vendredi 14 octobre à 155,49 €/MWh, soit une baisse de 5,88 %.
[NDLR : nous enrichissons notre note de marché avec l’évolution hebdomadaire du prix PEG puisque ce dernier est actuellement plus intéressant que le TTF]
Le prix PEG CAL 2023 a ouvert lundi 10 octobre 2022 au prix de 148,21 €/MWh pour fermer vendredi 14 octobre à 144,407 €/MWh, soit une baisse de 2,57 %.
Court-terme : le prix journalier français atteint des niveaux exceptionnellement bas dans le contexte énergétique actuel tendu porté par un approvisionnement soutenu en GNL, l’atteinte du maximum technique des stockages et bien entendu une demande sous les normes en raison d’une situation météorologique très favorable. Avec 40 €/MWh actuellement, le contexte général semble à la détente alors même qu’est actuellement en discussion la nécessité ou non d’un plafonnement des prix du gaz naturel à l’échelle européenne. Le mois de novembre 2022 se rapproche de la marque des 100 €/MWh et pourrait aisément les franchir si les modèles météo à 4 semaines confirment les premières tendances d’un début d’hiver plutôt très doux. Une dynamique plutôt baissière actuellement mais qui se stabilisera rapidement au démarrage de la période de soutirage des stocks gaziers. L’hiver météorologique est encore long et la cotation du premier trimestre de l’année 2023 peine à percer le plancher des 150 €/MWh tant que les premiers retours sur la réduction intrinsèque de la demande en gaz dans le cadre du plan de sobriété énergétique ne se font pas sentir.
Long-terme : la cotation calendaire 2023 reste stabilisée aux 140 €/MWh portée par la dynamique actuelle du premier trimestre mais également par l’anticipation de besoins en reconstitution des stocks durant l’été 2023 en prévision de l’hiver suivant. Les écarts de prix entre produits saisonniers sont donc très peu marqués mais là aussi, la teneur de l’hiver à venir jouera un rôle déterminant sur la suite des développements des années 2024 et 2025. 2024 cote actuellement à 114 €/MWh tandis que 2025 reste très stable, légèrement au-dessus des 80 €/MWh.
Drivers
Les faits marquants de la semaine
Les pistes de l’Union Européenne pour faire baisser les prix de l’énergie
Les actualités de la semaine dernière se concentrent sur :
- Des tendances climatiques plus chaudes que la normale pour octobre, novembre et décembre ;
- Emmanuel Macron qui appelle Berlin à la solidarité européenne ;
- Les pistes de l’Union Européenne pour faire baisser les prix de l’énergie.
Voici les faits qui ont marqué la semaine du 10 au 14 octobre, bonne lecture.
Des tendances climatiques plus chaudes que la normale pour octobre, novembre et décembre
Météo France présente son scénario le plus probable pour octobre, novembre et décembre avec des conditions plus chaudes que la normale (50 % plus chaud que les normales de saison). Ces tendances permettent au marché de réagir avec retenue quant aux différents retards des redémarrages des centrales nucléaires.
Emmanuel Macron appelle Berlin à la solidarité européenne
Le président français s’est exprimé dimanche 16 octobre à propos de la flambée des prix de l’énergie et a appelé l’Allemagne à la « solidarité » européenne et a mis en garde contre les « distorsions » de concurrences auxquelles le plan allemand massif d’aide aux ménages et particuliers pourrait conduire.
Olaf Scholz et son gouvernement sont accusés de jouer perso avec un énorme plan de soutien national de 200 milliards d’euros afin de protéger les ménages et entreprises en Allemagne. Macron concède les difficultés auxquelles fait face son voisin allemand, du pivot structurel qu’il doit mettre en place mais ajoute que « si on veut être cohérents, ce ne sont pas des stratégies nationales qu’il faut adopter, mais une stratégie européenne ».
Les pistes de l’Union Européenne pour faire baisser les prix de l’énergie
La Commission européenne devrait présenter ce jour (mardi 17 octobre 2022) de nouvelles propositions pour atténuer la flambée des prix de l’énergie, voici les pistes explorées.
- Réformer l’indice phare du marché gazier : Bruxelles souhaite créer un indice alternatif au TTF néerlandais. Il s’agirait d’un « corridor dynamique », une fourchette encadrant les fluctuations des prix sur le marché TTF afin de tempérer la volatilité des cours du gaz ;
- Acheter le gaz en commun à l’échelle de l’UE : acheter collectivement et profiter de cette force de frappe pour obtenir de meilleurs prix, un peu comme le fait Collectif Énergie pour les TPE, PME et ETI avec ses achats groupés ;
- Baisser la demande : cela sera aidé par des outils supplémentaires présentés par Bruxelles, les efforts ayant été effectués de manière très variables d’un État à l’autre.
La mesure soutenue vivement par la France consistant en le plafonnement général du prix du gaz afin de produire de l’électricité en Europe ne serait pas retenue dans les propositions de la Commission.