L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés dont la Russie (OPEP +) ont décidé dimanche 12 avril, d’une baisse de leur production de 9,7 millions de barils par jour, soit 10 % de l’offre mondiale, à compter du 1er mai. La plus grande baisse de production de l’Histoire !
Le but est d’enrayer la chute des cours brut du pétrole provoquée par la pandémie de coronavirus alors que la demande mondiale a chuté de 30 %.
L’accord entre les pays exportateurs de pétrole
En raison du confinement de la moitié de la population mondiale pour limiter la pandémie du coronavirus, la demande de pétrole est en chute libre, sur un marché où l’offre était déjà excédentaire avant le Covid-19. Cette crise inédite, qui a fait plonger les cours, a contraint les acteurs du secteur à réagir.
Après plusieurs jours de négociations, les pays exportateurs de pétrole ont organisé une ultime réunion, dimanche 12 avril, qui a permis de trouver un terrain d’entente avec une réduction de la production de 9,7 millions de barils par jour en mai et juin afin de faire remonter les prix du pétrole.
Cette baisse est inédite et considérable : lors de la crise financière de 2008, l’Opep, sans la Russie à l’époque, avait décidé de réduire sa production de 2,2 millions de barils par jour. Le secrétaire général de l’Opep, Mohammed Barkindo, a souligné que cette réduction serait « la plus importante en volume et la plus longue en durée » jamais mise en oeuvre par le cartel et ses partenaires.
Au terme de ces deux mois, l’Opep + compte ensuite ramener la baisse de sa production à 7,7 millions de barils par jour (bpj) jusqu’en décembre, puis à 5,8 millions de bpj.
Cette annonce a permis aux cours de rebondir d’environ 3% à l’ouverture des marchés asiatiques lundi 13 avril : le baril américain de West Texas Intermediate (WTI) a grimpé à 23,55 dollars et celui de Brent de la mer du Nord à 32,46 dollars.
Une offre encore trop abondante
Même si la diminution de la production annoncée est historique, elle ne représente que la moitié de la chute de la demande provoquée par la crise du coronavirus dans le monde.
L’arrêt d’une grande partie des activités économiques a provoqué une chute de la demande mondiale, de 30 %, soit environ 30 millions de barils par jour. Le marché est toujours en surproduction avec des pétroliers qui cherchent à stocker un peu partout l’or noir. La surabondance pourrait être telle que le monde n’aura bientôt plus de place pour stocker les innombrables barils de pétrole inutiles.
Par conséquence, certains types de barils affichent parfois un prix négatif. Les producteurs donnent leurs barils parce qu’ils n’ont nulle part pour le stocker.
Une diminution du prix ?
Dans ces conditions, selon les analystes, cette diminution de la production va juste permettre d’amortir un peu la chute des prix et de ne pas atteindre les limites de stockage. « Cela va éviter aux prix de tomber dans un abîme mais toujours pas de rétablir l’équilibre souhaité du marché », préviennent les analystes de Rystad Energy, société indépendante de recherche énergétique et d’intelligence économique.
Les banques Goldman Sachs et UBS estiment que le cours du pétrole pourrait même plonger à 20 dollars le baril, voire moins. « Au bout du compte, l’ampleur du choc de la demande est tout simplement trop importante pour une baisse coordonnée de l’offre », écrit Goldman Sachs dans une note.
En effet, depuis lundi 13 avril, le cours du baril de Brent recommence à s’effondrer atteignant 26,79 dollars lundi 20 avril, une chute de près de 6%. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) dégringole aussi, ce lundi 20 avril, de plus de 40%, passant sous les 11 dollars, son plus bas niveau depuis 1999.
Les cours subissent de plein fouet l’effondrement de la demande et la saturation des capacités de stockage. La diminution de la production est donc loin d’être suffisante pour amortir la chute des prix et stabiliser le marché. Comment l’OPEP va rebondir suite à cette nouvelle chute des cours ?