Dans son rapport annuel sur l’atome, l’AIE estime que le nucléaire avance vers une nouvelle ère
Comment décarboner l’énergie et avancer dans la démarche de « transition hors des fossiles » annoncée lors de la Cop28 à Dubaï, en 2023 ? Afin de répondre à ce défi majeur dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’énergie nucléaire pourrait avoir de nouveau le vent en poupe après des années de disgrâce et un arrêt net après la catastrophe de Fukushima. En 2023, les 410 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde ne représentaient que 9 % de l’électricité produite.
Mais selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport annuel, « l’intérêt pour l’énergie nucléaire a repris ces dernières années, stimulé par les préoccupations en matière de sécurité énergétique, le besoin croissant de capacités de production d’électricité à faibles émissions et les progrès de la technologie nucléaire ». Ces centrales apparaissent comme une solution pour répondre à la crise climatique en donnant accès à une électricité très peu carbonée, massive et stable. Ainsi, 63 nouveaux réacteurs sont aujourd’hui en construction au niveau mondial – dont près de la moitié se situent en Chine.
Les énergies renouvelables aux côtés du nucléaire
Pour autant, la technologie nucléaire doit encore trouver des solutions face à des problèmes de financement et de temps de construction pour rendre sa relance effective. Comme le rappelait la Cour des comptes dans un rapport publié ce mardi, la filière EPR française avec EDF fait face à des incertitudes nombreuses quant à sa rentabilité. Pour les magistrats, la sécurisation de solutions de financement est primordiale avec de lancer de nouveaux chantiers. Le rapport de l’AIE insiste également sur ce point, avec un chiffrage grandissant des investissements nécessaires pour le déploiement de la filière : de 65 milliards par an en 2025 à 70 (au mieux) ou 150 (au pire) en 2030. Les petits réacteurs modulaires (SMR) qui seraient commercialisés ensuite pourraient permettre – selon l’agence – de réduire cette facture.
Enfin, l’AIE rappelle l’importance du développement des énergies renouvelables en parallèle pour éviter tout retard dans la transition énergétique. En pleine croissance ces dernières années, l’éolien et le photovoltaïque peuvent apporter une solution face aux dernières incertitudes du nucléaire : son rythme d’installation. Les délais pour la construction de nouveaux réacteurs est estimé à 5 ans en moyenne, mais il peut aller jusqu’à 15 ans en cas de dysfonctionnements et de dérapage, comme à Flamanville.
Pour atteindre au plus vite la neutralité carbone au niveau mondial, toutes les énergies décarbonées au service de l’électrification des usages seront utiles.
Source : Libération