La France a battu son record de 2002 en exportant 89 TWh nets d’électricité vers ses voisins européens
L’année 2022 peut être oubliée. En pleine crise de l’énergie, avec une production nucléaire historiquement faible – 279 TWh seulement –, la France avait été contrainte d’avoir massivement recours à l’importation de la production électrique de ses voisins. Pour la première fois depuis 1988, le solde des importations et des exportations était négatif : 16,5 TWh nets importés. Mais en 2024, la France a largement battu son précédent record d’exportation d’électricité vers ses voisins européens !
En effet, si le rebond a été immédiat (plus de 50 TWh nets exportés en 2023), l’année qui vient de s’écouler confirme la place retrouvée de la France comme leader européen de production d’électricité. Cela est principalement dû à une production nucléaire plus importante (environ 360 TWh), même si elle reste en deçà de ses niveaux d’avant-crise.
Selon Thomas Veyrenc, membre du directoire de RTE, la production nucléaire a aussi été soutenue par « une production hydraulique exceptionnelle » ainsi que la poursuite du déploiement « de l’éolien et du solaire ». Ce cumul a renforcé la compétitivité du mix électrique français, majoritairement bas carbone. Les exportations se sont ainsi tournées principalement vers la Belgique et l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni.
Une consommation électrique en berne
Néanmoins, les bons chiffres affichés par la France à l’exportation peuvent être relativisés par la faible consommation électrique. Cela indique à la fois une production industrielle moindre, signe d’une croissance qui patine, ainsi qu’un retard probable dans l’électrification des usages. Pour Thomas Veyrenc, qui a analysé ce record dans un post LinkedIn, ce faible niveau de consommation indique que « les transferts d’usage des énergies fossiles vers l’électricité ne sont pas enclenchés au niveau requis pour décarboner en profondeur ». Ainsi, dans des secteurs comme les transports, le faible niveau de la consommation d’électricité pourrait indiquer que le déploiement des véhicules électriques peine à décoller dans l’Hexagone.
Cependant, cela indique également une grande disponibilité électrique en France. Avec l’installation de nouvelles centrales éoliennes et photovoltaïques, le développement de l’autoconsommation et la montée en régime du réacteur EPR de Flamanville, sans oublier les effets de l’efficacité énergétique pour réduire les besoins, la France a d’ores et déjà les moyens de poursuivre son électrification et de tenir ses engagements de réduction de gaz à effet de serre. Un point essentiel alors que les émissions de CO2 sont reparties à la hausse dans certaines secteurs fin 2024.
Source : La Tribune