La biomasse, elle est partout. On la connaît sans le savoir. Et même si on en entend parler de plus en plus souvent, il faut bien avouer qu’il peut être difficile de comprendre ce qui se cache derrière ce mot fourre-tout. Pourtant, dans le mix énergétique de demain et la transition écologique, la biomasse a sa place réservée parmi les premiers rangs.

En fait, la biomasse, c’est le premier pendant renouvelable aux énergies fossiles. Elle fonctionne sur un schéma assez proche, en convertissant une matière en énergie. Mais elle se distingue sur un point important : l’origine de cette matière.

Pour comprendre l’usage de la biomasse, sa signification et son rôle dans le mix énergétique des entreprises et des industries en vue de la neutralité carbone, voici un tour d’horizon des multiples facettes qu’elle peut prendre.

Qu’est-ce que la biomasse et comment est-elle produite ?

Définition de la biomasse

Pourquoi définir la biomasse, le plus simple est de déconstruire le mot. Car biomasse est un mot valise. Il cache deux éléments facilement reconnaissables : bio-, puis -masse.

  • Le premier signifie qu’il s’agit d’un élément issu du vivant.
  • Quand à la masse, cela indique que cette matière peut être convertie en énergie.

Jusqu’ici, tout le monde peut suivre – après aussi, c’est promis.

En synthèse, la biomasse est donc une source d’énergie alternative, à partir de matière vivante, organique, qui peut être d’origine végétale ou animale. Il s’agit donc notamment de matériaux provenant du bois, de déchets organiques, de résidus agricoles, d’huiles végétales voire de biogaz créé par méthanisation. Tous ces éléments peuvent servir à fournir de la chaleur ou de l’énergie et sont intégrés sous le nom générique de biomasse, pour les distinguer en particulier des énergies dites fossiles (fioul, charbon, pétrole…).

Mais finalement, il s’agit bien pour la biomasse d’éléments connus et utilisés depuis longtemps, parfois même l’une des premières sources d’énergie pour l’homme – comme le bois pour alimenter un feu et produire de la chaleur.

Mais d’où vient la biomasse alors ?

La biomasse est donc un matériau source d’énergie fabriqué ou exploité naturellement par l’homme, puis valorisé par sa conversion en énergie. La biomasse peut exister sous trois formes différentes : solides (bois), liquides (huiles) ou gazeuses (biogaz).

Certaines sources de biomasse peuvent faire l’objet d’une exploitation spécifique dédiée à l’énergie, comme pour le bois-énergie ou les biocarburants à partir d’huile de colza.

Une partie de la biomasse est également le résultat d’une autre activité humaine. Il peut s’agir de l’agriculture qui produit des déchets (d’animaux ou de végétaux), de l’alimentation voire des déchets ménagers. Dès lors, on peut inclure la biomasse dans un système d’économie circulaire et de revalorisation.

Et on utilise beaucoup de biomasse en France ?

Aujourd’hui, la biomasse représente déjà la majorité des énergies renouvelables dans la consommation brute finale d’énergie en France. Selon les données recueillies par le ministère de l’Écologie, la biomasse concentre à elle seule plus de la moitié de ces ENR.

Cela s’explique par la place prépondérante du bois-énergie (35,1 %) dans la chauffage, mais aussi par le développement des biocarburants ou encore par l’utilisation du biogaz ou des déchets renouvelables pour produire de la chaleur comme par exemple dans un réseau de chaleur urbaine.

Répartition des énergies renouvelables du mix énergétique en France en 2023, avec notamment 30 % de bois-énergie, 14,5 % d'hydraulique, 13,5 % d'éolien et 12,9 % de pompes à chaleur.

Ainsi, depuis les années 1990, l’importance du bois-énergie dans la production d’énergie est restée stable. Elle se maintient à un peu plus de 100 TWh.

Le changement se situe surtout dans le déploiement des biocarburants, au début des années 2000, accompagné par de nouvelles sources renouvelables comme l’éolien, les pompes à chaleur puis le photovoltaïque… et les « autres renouvelables », qui cachent une part de biomasse.

Évolution de la production primaire d’énergie renouvelable depuis les années 90

Comment la biomasse est-elle transformée en énergie ?

Les méthodes de conversion (combustion, gazéification, méthanisation)

Il existe trois principales manières d’exploiter la biomasse pour en faire de l’énergie. La plus ancienne et la plus connue est la création de chaleur à partir du bois, typiquement en faisant un feu de cheminée. C’est une manière d’exploiter la biomasse par la combustion, généralement avec une biomasse solide.

À plus grande échelle, cette utilisation peut permettre d’alimenter des réseaux de chaleur plus importants, au niveau d’une ville par exemple ou sur un site industriel avec un process nécessitant une forte chaleur. Certaines installations peuvent aussi utiliser cette chaleur pour alimenter des turbines et fabriquer de l’électricité. On parle alors de cogénération.

Une autre partie de la biomasse peut être transformée en biogaz grâce à la méthanisation. C’est un aspect particulièrement développé depuis plusieurs années en lien avec les filières agricoles et qui devrait se poursuivre selon les différents scénarios de transition énergétique. En effet, cela permet de remplacer progressivement le gaz naturel, avec une solution qui limite le rejet de CO2 dans l’atmosphère.

Enfin, la biomasse est parfois convertie en biocarburants. Grâce au sucre de betterave ou de blé, du bioéthanol entre dans la composition de l’essence et diminue son impact carbone. C’est également de cette manière que l’aviation espère réduire ses émissions avec de nouveaux carburants (SAF) s’appuyant sur la biomasse.

Les applications industrielles de l’énergie biomasse

Pour les industries, la biomasse est une ressource intéressante car elle peut être utilisée et valorisée facilement. La principale application est dans la chaleur. L’utilisation de la biomasse par combustion ou sous forme de gaz permet de chauffer à très haute température. Ainsi, la biomasse s’inscrit facilement dans un procédé industriel de cuisson ou de séchage, qu’il s’agisse d’une filière agroalimentaire ou pour la production de matériaux comme les tuiles en terre cuite.

La biomasse intervient ainsi comme un bon appui pour des procédés où l’électricité ne parvient pas encore à être suffisamment efficace à bas coût. Elle permet d’accélérer la sortie des gaz fossiles dans un objectif de décarbonation rapide.

Pourquoi la biomasse est-elle considérée comme vertueuse ?

Un carbone au cycle court

Non, la biomasse n’est pas neutre en carbone. Brûler du bois ou des déchets agricoles émet également du gaz carbonique. Même après méthanisation, son utilisation n’est pas sans conséquence. Il y a des rejets – parfois à des taux élevés et accompagnés d’autres gaz, comme du méthane par exemple. On pourrait donc penser que la biomasse est tout aussi néfaste que les énergies fossiles, si ce n’est plus en tenant compte de l’ensemble de la pollution émise.

Cependant, il y a une différence essentielle sur ces émissions : le carbone rejeté dans l’atmosphère… y était peu de temps avant, contrairement à celui des combustibles fossiles. En effet, les fossiles ont emprisonné du carbone au cours de leur transformation sur de très très longues années. On estime que le carbone emprisonné date de 10 à 100 millions d’années. Un arbre qui devient bûche captait lui du CO2 depuis bien moins de temps, généralement entre 50 et 100 ans.

De l’usage raisonnable de la biomasse

En parallèle, une matière vivante met moins de temps à se reproduire, donc à retrouver sa capacité à emprisonner du carbone. Ainsi, l’une des distinctions essentielles, c’est l’équilibre possible entre production de biomasse et utilisation. Il faut donc veiller à la façon dont la biomasse est utilisée, convertie en énergie et surtout à la préservation de son origine. Dans le cas de déchets organiques, généralement peu valorisés aujourd’hui, leur transformation au service de la production de chaleur ou d’électricité entre dans un principe de recyclage.

Plus globalement, pour préserver une baisse des émissions jusqu’à la neutralité carbone à l’horizon 2050, la biomasse joue donc un rôle à double titre : pour émettre moins et pour capter du CO2. Si on utilise du bois pour produire de la chaleur, mais qu’il y a davantage de bois préservé qu’utilisé – avec des forêts qui grandissent –, le bilan final sera favorable à la captation du CO2.

Où en est la biomasse en France pour la production d’électricité ? Les cas controversés de Gardanne, Saint-Avold et Cordemais

En France, deux centrales à charbon perdurent et ont été prolongé jusqu’à 2026 : Saint-Avold et Cordemais. Leur abandon pose de nombreux problèmes, à la fois pour conserver une capacité à produire de l’énergie rapidement et efficacement en cas de besoin pour le réseau électrique, mais aussi pour des questions sociales avec des pertes d’emploi et de métiers qualifiés dans la production d’énergie.

Pour y répondre, des projets de conversion ont été imaginés – bien souvent par les salariés eux-mêmes, comme à Cordemais. Pourtant, au cours de l’année 2024, le gouvernement a fait le choix de tourner le dos à la biomasse et à la conversion de ces centrales après de nombreuses controverses.

Au lieu de la biomasse, Saint-Avold serait ainsi destinée à produire de l’électricité par du biométhane… et du gaz fossile. Cordemais devrait pour sa part être réservée à la fabrication d’éléments nécessaires aux centrales nucléaires, malgré les autorisations préfectorales obtenues pour le projet imaginé à partir de black pellets.

Enfin, un projet du même type a lui vu le jour dans le Sud de la France, à Gardanne. L’ancienne centrale à charbon a été reconvertie en centrale biomasse, plus exactement au bois. Cette transformation est néanmoins contestée, notamment en raison de l’importation de bois brésilien pour alimenter la centrale. Elle met ainsi en exergue la question de l’usage raisonnable de la biomasse à des fins de production d’électricité, pour que cela ne soit pas nuisible à l’environnement et à la biodiversité, c’est-à-dire en préservant ce qu’on appelle les « puits carbone ».

Quels sont les avantages de la biomasse pour les entreprises ?

Contribution à la transition énergétique et à une politique RSE

Puisque l’impact carbone de la biomasse est plus faible que celui des ressources fossiles, son intégration dans vos dépenses énergétiques aura un effet non négligeable pour votre politique RSE. Vous passerez de la mode de planter une forêt quelque part en France ou dans le monde – bien souvent sans traduction autre qu’une compensation pour le bilan carbone de votre activité – au développement d’une filière locale bois ou agricole. Cela sera d’autant plus vertueux et concret.

Mener un projet de conversion à la biomasse, c’est agir réellement pour la décarbonation de votre activité. Vous sortirez de la dépendance aux énergies fossiles, notamment pour les usages difficilement électrifiables. C’est donc un pas supplémentaire dans la transition énergétique avant 2050.

Valorisation des déchets et économie circulaire

Aujourd’hui, la question de la biomasse intègre aussi celui de l’économie circulaire ou locale. En faisant appel à des ressources organiques, vous pouvez permettre à des filières régionales de générer de nouveaux revenus ou de se diversifier. C’est bénéfique pour votre bassin économique, avec un circuit court, là où le gaz actuellement consommé en France doit être importé – en provenance des États-Unis, de Norvège ou de Russie.

Par ailleurs, les ressources de la biomasse peuvent ne pas être valorisées jusqu’à présent. Elles sont relativement bon marché car peu exploitées. Pour vous, dans la production d’énergie, le retour sur investissement sera plus rapide.

Dès lors, même si la biomasse a un coût, elle permet une transition en douceur hors des énergies fossiles en adaptant vos procédés industriels… et en gagnant dans le même temps en maîtrise budgétaire.

Réduction des coûts énergétiques et maîtrise de l’approvisionnement

Car, enfin, l’un des avantages certains de la biomasse, c’est de rester dans une énergie de stock plutôt qu’une énergie de flux – moins pilotable, car devant être consommée au moment de sa production – comme l’éolien ou le photovoltaïque. Cela se rapprochera de votre utilisation du gaz fossile, avec toutefois une moins grande volatilité des marchés. Ainsi, avec la biomasse, les entreprises peuvent garder la maîtrise sur une partie de leurs besoins énergétiques en constituant des réserves au moment le plus opportun, en diversifiant plus aisément les sources d’approvisionnement, etc.

De plus, vous appuyer sur ces filières locales vous donnera une meilleure visibilité sur vos coûts énergétiques. Le marché gazier est fluctuant. Il dépend de nombreux facteurs, dont la concurrence internationale et les événements géopolitiques (guerre en Ukraine, tensions au Moyen-Orient…). Avec une chaîne de valorisation plus directe, votre gestion de l’approvisionnement en sera d’autant plus améliorée. C’est donc un gain, pour vous, qui peut se traduire par une maîtrise budgétaire plus grande.

Conclusion : la cogénération, un usage bonifié de la biomasse en entreprise

Faire de la chaleur et de l’électricité en même temps pour réduire les besoins et limiter le gaspillage de ressources, est-ce que ce ne serait pas la meilleure chose à faire pour tous, et notamment pour les entreprises ? Surtout lorsque vos besoins de production de chaleur sont importants, l’intégration de la cogénération pour produire aussi de l’électricité permet d’augmenter à moindre coût l’efficacité énergétique de vos installations.

Mais cela fonctionne aussi dans l’autre sens, pour des utilisation intensives d’électricité qui produisent du chaud ou du froid. Par exemple, les centres de données, de plus en plus massifs, ont besoin d’énormément d’électricité pour développer la capacité de calcul et de stockage de leurs serveurs… et pour les refroidir. Mais cette chaleur, créé par les data center, peut être à son tour recyclé pour alimenter les zones environnantes en eau chaude. Ainsi, selon vos besoins spécifiques, vous pouvez adapter et valoriser à votre tour l’énergie produite ou les matériaux non utilisés, les déchets, etc.

Intégrer la biomasse à sa réflexion énergétique, c’est réduire son impact par le recyclage et par l’économie circulaire. Finalement, la biomasse dans l’énergie, c’est apprendre à travailler sur des cycles plus courts, mieux maîtrisés. Comme pour une forêt, qui doit pousser avant de pouvoir fournir du bois… et qui doit rester abondante pour être encore une ressource à l’avenir.

Article rédigé par Côme Tessier

Rédacteur web pour Collectif Énergie, je m’évertue à glisser des touches sportives ou des notes sucrées pour rendre plus accessibles les sujets liés à l’énergie. Sans jamais oublier de traquer les doubles espaces qui perturbent la lecture.

La biomasse, elle est partout. On la connaît sans le savoir. Et même si on en entend parler de plus en plus souvent, il faut bien avouer qu’il peut être difficile de comprendre ce qui se cache derrière ce mot fourre-tout. Pourtant, dans le mix énergétique de demain et la transition écologique, la biomasse a sa place réservée parmi les premiers rangs.

En fait, la biomasse, c’est le premier pendant renouvelable aux énergies fossiles. Elle fonctionne sur un schéma assez proche, en convertissant une matière en énergie. Mais elle se distingue sur un point important : l’origine de cette matière.

Pour comprendre l’usage de la biomasse, sa signification et son rôle dans le mix énergétique des entreprises et des industries en vue de la neutralité carbone, voici un tour d’horizon des multiples facettes qu’elle peut prendre.

Qu’est-ce que la biomasse et comment est-elle produite ?

Définition de la biomasse

Pourquoi définir la biomasse, le plus simple est de déconstruire le mot. Car biomasse est un mot valise. Il cache deux éléments facilement reconnaissables : bio-, puis -masse.

  • Le premier signifie qu’il s’agit d’un élément issu du vivant.
  • Quand à la masse, cela indique que cette matière peut être convertie en énergie.

Jusqu’ici, tout le monde peut suivre – après aussi, c’est promis.

En synthèse, la biomasse est donc une source d’énergie alternative, à partir de matière vivante, organique, qui peut être d’origine végétale ou animale. Il s’agit donc notamment de matériaux provenant du bois, de déchets organiques, de résidus agricoles, d’huiles végétales voire de biogaz créé par méthanisation. Tous ces éléments peuvent servir à fournir de la chaleur ou de l’énergie et sont intégrés sous le nom générique de biomasse, pour les distinguer en particulier des énergies dites fossiles (fioul, charbon, pétrole…).

Mais finalement, il s’agit bien pour la biomasse d’éléments connus et utilisés depuis longtemps, parfois même l’une des premières sources d’énergie pour l’homme – comme le bois pour alimenter un feu et produire de la chaleur.

Mais d’où vient la biomasse alors ?

La biomasse est donc un matériau source d’énergie fabriqué ou exploité naturellement par l’homme, puis valorisé par sa conversion en énergie. La biomasse peut exister sous trois formes différentes : solides (bois), liquides (huiles) ou gazeuses (biogaz).

Certaines sources de biomasse peuvent faire l’objet d’une exploitation spécifique dédiée à l’énergie, comme pour le bois-énergie ou les biocarburants à partir d’huile de colza.

Une partie de la biomasse est également le résultat d’une autre activité humaine. Il peut s’agir de l’agriculture qui produit des déchets (d’animaux ou de végétaux), de l’alimentation voire des déchets ménagers. Dès lors, on peut inclure la biomasse dans un système d’économie circulaire et de revalorisation.

Et on utilise beaucoup de biomasse en France ?

Aujourd’hui, la biomasse représente déjà la majorité des énergies renouvelables dans la consommation brute finale d’énergie en France. Selon les données recueillies par le ministère de l’Écologie, la biomasse concentre à elle seule plus de la moitié de ces ENR.

Cela s’explique par la place prépondérante du bois-énergie (35,1 %) dans la chauffage, mais aussi par le développement des biocarburants ou encore par l’utilisation du biogaz ou des déchets renouvelables pour produire de la chaleur comme par exemple dans un réseau de chaleur urbaine.

Répartition des énergies renouvelables du mix énergétique en France en 2023, avec notamment 30 % de bois-énergie, 14,5 % d'hydraulique, 13,5 % d'éolien et 12,9 % de pompes à chaleur.

Ainsi, depuis les années 1990, l’importance du bois-énergie dans la production d’énergie est restée stable. Elle se maintient à un peu plus de 100 TWh.

Le changement se situe surtout dans le déploiement des biocarburants, au début des années 2000, accompagné par de nouvelles sources renouvelables comme l’éolien, les pompes à chaleur puis le photovoltaïque… et les « autres renouvelables », qui cachent une part de biomasse.

Évolution de la production primaire d’énergie renouvelable depuis les années 90

Comment la biomasse est-elle transformée en énergie ?

Les méthodes de conversion (combustion, gazéification, méthanisation)

Il existe trois principales manières d’exploiter la biomasse pour en faire de l’énergie. La plus ancienne et la plus connue est la création de chaleur à partir du bois, typiquement en faisant un feu de cheminée. C’est une manière d’exploiter la biomasse par la combustion, généralement avec une biomasse solide.

À plus grande échelle, cette utilisation peut permettre d’alimenter des réseaux de chaleur plus importants, au niveau d’une ville par exemple ou sur un site industriel avec un process nécessitant une forte chaleur. Certaines installations peuvent aussi utiliser cette chaleur pour alimenter des turbines et fabriquer de l’électricité. On parle alors de cogénération.

Une autre partie de la biomasse peut être transformée en biogaz grâce à la méthanisation. C’est un aspect particulièrement développé depuis plusieurs années en lien avec les filières agricoles et qui devrait se poursuivre selon les différents scénarios de transition énergétique. En effet, cela permet de remplacer progressivement le gaz naturel, avec une solution qui limite le rejet de CO2 dans l’atmosphère.

Enfin, la biomasse est parfois convertie en biocarburants. Grâce au sucre de betterave ou de blé, du bioéthanol entre dans la composition de l’essence et diminue son impact carbone. C’est également de cette manière que l’aviation espère réduire ses émissions avec de nouveaux carburants (SAF) s’appuyant sur la biomasse.

Les applications industrielles de l’énergie biomasse

Pour les industries, la biomasse est une ressource intéressante car elle peut être utilisée et valorisée facilement. La principale application est dans la chaleur. L’utilisation de la biomasse par combustion ou sous forme de gaz permet de chauffer à très haute température. Ainsi, la biomasse s’inscrit facilement dans un procédé industriel de cuisson ou de séchage, qu’il s’agisse d’une filière agroalimentaire ou pour la production de matériaux comme les tuiles en terre cuite.

La biomasse intervient ainsi comme un bon appui pour des procédés où l’électricité ne parvient pas encore à être suffisamment efficace à bas coût. Elle permet d’accélérer la sortie des gaz fossiles dans un objectif de décarbonation rapide.

Pourquoi la biomasse est-elle considérée comme vertueuse ?

Un carbone au cycle court

Non, la biomasse n’est pas neutre en carbone. Brûler du bois ou des déchets agricoles émet également du gaz carbonique. Même après méthanisation, son utilisation n’est pas sans conséquence. Il y a des rejets – parfois à des taux élevés et accompagnés d’autres gaz, comme du méthane par exemple. On pourrait donc penser que la biomasse est tout aussi néfaste que les énergies fossiles, si ce n’est plus en tenant compte de l’ensemble de la pollution émise.

Cependant, il y a une différence essentielle sur ces émissions : le carbone rejeté dans l’atmosphère… y était peu de temps avant, contrairement à celui des combustibles fossiles. En effet, les fossiles ont emprisonné du carbone au cours de leur transformation sur de très très longues années. On estime que le carbone emprisonné date de 10 à 100 millions d’années. Un arbre qui devient bûche captait lui du CO2 depuis bien moins de temps, généralement entre 50 et 100 ans.

De l’usage raisonnable de la biomasse

En parallèle, une matière vivante met moins de temps à se reproduire, donc à retrouver sa capacité à emprisonner du carbone. Ainsi, l’une des distinctions essentielles, c’est l’équilibre possible entre production de biomasse et utilisation. Il faut donc veiller à la façon dont la biomasse est utilisée, convertie en énergie et surtout à la préservation de son origine. Dans le cas de déchets organiques, généralement peu valorisés aujourd’hui, leur transformation au service de la production de chaleur ou d’électricité entre dans un principe de recyclage.

Plus globalement, pour préserver une baisse des émissions jusqu’à la neutralité carbone à l’horizon 2050, la biomasse joue donc un rôle à double titre : pour émettre moins et pour capter du CO2. Si on utilise du bois pour produire de la chaleur, mais qu’il y a davantage de bois préservé qu’utilisé – avec des forêts qui grandissent –, le bilan final sera favorable à la captation du CO2.

Où en est la biomasse en France pour la production d’électricité ? Les cas controversés de Gardanne, Saint-Avold et Cordemais

En France, deux centrales à charbon perdurent et ont été prolongé jusqu’à 2026 : Saint-Avold et Cordemais. Leur abandon pose de nombreux problèmes, à la fois pour conserver une capacité à produire de l’énergie rapidement et efficacement en cas de besoin pour le réseau électrique, mais aussi pour des questions sociales avec des pertes d’emploi et de métiers qualifiés dans la production d’énergie.

Pour y répondre, des projets de conversion ont été imaginés – bien souvent par les salariés eux-mêmes, comme à Cordemais. Pourtant, au cours de l’année 2024, le gouvernement a fait le choix de tourner le dos à la biomasse et à la conversion de ces centrales après de nombreuses controverses.

Au lieu de la biomasse, Saint-Avold serait ainsi destinée à produire de l’électricité par du biométhane… et du gaz fossile. Cordemais devrait pour sa part être réservée à la fabrication d’éléments nécessaires aux centrales nucléaires, malgré les autorisations préfectorales obtenues pour le projet imaginé à partir de black pellets.

Enfin, un projet du même type a lui vu le jour dans le Sud de la France, à Gardanne. L’ancienne centrale à charbon a été reconvertie en centrale biomasse, plus exactement au bois. Cette transformation est néanmoins contestée, notamment en raison de l’importation de bois brésilien pour alimenter la centrale. Elle met ainsi en exergue la question de l’usage raisonnable de la biomasse à des fins de production d’électricité, pour que cela ne soit pas nuisible à l’environnement et à la biodiversité, c’est-à-dire en préservant ce qu’on appelle les « puits carbone ».

Quels sont les avantages de la biomasse pour les entreprises ?

Contribution à la transition énergétique et à une politique RSE

Puisque l’impact carbone de la biomasse est plus faible que celui des ressources fossiles, son intégration dans vos dépenses énergétiques aura un effet non négligeable pour votre politique RSE. Vous passerez de la mode de planter une forêt quelque part en France ou dans le monde – bien souvent sans traduction autre qu’une compensation pour le bilan carbone de votre activité – au développement d’une filière locale bois ou agricole. Cela sera d’autant plus vertueux et concret.

Mener un projet de conversion à la biomasse, c’est agir réellement pour la décarbonation de votre activité. Vous sortirez de la dépendance aux énergies fossiles, notamment pour les usages difficilement électrifiables. C’est donc un pas supplémentaire dans la transition énergétique avant 2050.

Valorisation des déchets et économie circulaire

Aujourd’hui, la question de la biomasse intègre aussi celui de l’économie circulaire ou locale. En faisant appel à des ressources organiques, vous pouvez permettre à des filières régionales de générer de nouveaux revenus ou de se diversifier. C’est bénéfique pour votre bassin économique, avec un circuit court, là où le gaz actuellement consommé en France doit être importé – en provenance des États-Unis, de Norvège ou de Russie.

Par ailleurs, les ressources de la biomasse peuvent ne pas être valorisées jusqu’à présent. Elles sont relativement bon marché car peu exploitées. Pour vous, dans la production d’énergie, le retour sur investissement sera plus rapide.

Dès lors, même si la biomasse a un coût, elle permet une transition en douceur hors des énergies fossiles en adaptant vos procédés industriels… et en gagnant dans le même temps en maîtrise budgétaire.

Réduction des coûts énergétiques et maîtrise de l’approvisionnement

Car, enfin, l’un des avantages certains de la biomasse, c’est de rester dans une énergie de stock plutôt qu’une énergie de flux – moins pilotable, car devant être consommée au moment de sa production – comme l’éolien ou le photovoltaïque. Cela se rapprochera de votre utilisation du gaz fossile, avec toutefois une moins grande volatilité des marchés. Ainsi, avec la biomasse, les entreprises peuvent garder la maîtrise sur une partie de leurs besoins énergétiques en constituant des réserves au moment le plus opportun, en diversifiant plus aisément les sources d’approvisionnement, etc.

De plus, vous appuyer sur ces filières locales vous donnera une meilleure visibilité sur vos coûts énergétiques. Le marché gazier est fluctuant. Il dépend de nombreux facteurs, dont la concurrence internationale et les événements géopolitiques (guerre en Ukraine, tensions au Moyen-Orient…). Avec une chaîne de valorisation plus directe, votre gestion de l’approvisionnement en sera d’autant plus améliorée. C’est donc un gain, pour vous, qui peut se traduire par une maîtrise budgétaire plus grande.

Conclusion : la cogénération, un usage bonifié de la biomasse en entreprise

Faire de la chaleur et de l’électricité en même temps pour réduire les besoins et limiter le gaspillage de ressources, est-ce que ce ne serait pas la meilleure chose à faire pour tous, et notamment pour les entreprises ? Surtout lorsque vos besoins de production de chaleur sont importants, l’intégration de la cogénération pour produire aussi de l’électricité permet d’augmenter à moindre coût l’efficacité énergétique de vos installations.

Mais cela fonctionne aussi dans l’autre sens, pour des utilisation intensives d’électricité qui produisent du chaud ou du froid. Par exemple, les centres de données, de plus en plus massifs, ont besoin d’énormément d’électricité pour développer la capacité de calcul et de stockage de leurs serveurs… et pour les refroidir. Mais cette chaleur, créé par les data center, peut être à son tour recyclé pour alimenter les zones environnantes en eau chaude. Ainsi, selon vos besoins spécifiques, vous pouvez adapter et valoriser à votre tour l’énergie produite ou les matériaux non utilisés, les déchets, etc.

Intégrer la biomasse à sa réflexion énergétique, c’est réduire son impact par le recyclage et par l’économie circulaire. Finalement, la biomasse dans l’énergie, c’est apprendre à travailler sur des cycles plus courts, mieux maîtrisés. Comme pour une forêt, qui doit pousser avant de pouvoir fournir du bois… et qui doit rester abondante pour être encore une ressource à l’avenir.

Article rédigé par Côme Tessier

Rédacteur web pour Collectif Énergie, je m’évertue à glisser des touches sportives ou des notes sucrées pour rendre plus accessibles les sujets liés à l’énergie. Sans jamais oublier de traquer les doubles espaces qui perturbent la lecture.

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