Électricité
Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 20 juin 2022 au prix de 303,28 €/MWh pour fermer vendredi 24 juin à 321,53 €/MWh, soit une hausse de 6,02 %.
Le marché de l’électricité capitalise en semaine 25 sur une actualité dense de la semaine précédente ayant propulsé les cotations en gaz naturel au-delà du seuil des 110 €/MWh. Le marché réagit donc progressivement mais de manière distincte entre les cotations Baseload Cal 2023 et les maturités ultérieures.
L’intensité de la pression accumulée par le marché se concentre essentiellement sur les maturités de l’hiver 2022-2023 qui cristallise les craintes concernant la sécurité d’approvisionnement européenne. L’année calendaire 2023 revient tutoyer ses plus hauts niveaux mais sans notablement les dépasser. La pression baissière de la mi-juin est effacée en quelques séances et le prix pour cette cotation se stabilise en fin de semaine aux alentours des 320 €/MWh.
Même schéma de progression, sur la cotation Peakload 2023, atteignant les 540 €/MWh. Le trouble-fête est à chercher du côté du premier trimestre 2023. La cotation à terme de cette maturité passant de 508 €/MWh le 13 juin à 578 €/MWh le 24 juin alors que le dernier trimestre 2023 évolue, lui, très peu. Un message passé par le marché indiquant que c’est bien le passage de l’hiver qui capte l’attention des opérateurs sur le court-terme, cherchant à sécuriser l’approvisionnement de leur portefeuille dans un contexte tendu.
Les maturités plus lointaines comme Cal 2024 et Cal 2025 restent étonnamment stables, voire légèrement baissières pour la plus lointaine. Cette résilience est soutenue par un flux d’information émanant de toute l’Europe en recherche de capacités de production électrique mobilisables rapidement (Centrales nucléaires ou à charbon), et ce, malgré des politiques publiques jusqu’ici enclines à l’arrêt des énergies fossiles. Le marché anticipe ainsi que le contexte actuel puisse modifier la donne pendant un certain nombre d’années poussant les différents États à revoir le calendrier de l’abandon des technologies polluantes ou bien non prioritaires.
Gaz
Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 20 juin 2022 au prix de 89,1 €/MWh pour fermer vendredi 24 juin à 96,93 €/MWh, soit une hausse de 8,79 %.
[NDLR : nous enrichissons, depuis peu, notre note de marché avec l’évolution hebdomadaire du prix PEG puisque ce dernier est actuellement plus intéressant que le TTF]
Le prix PEG CAL 2023 a ouvert lundi 20 juin 2022 au prix de 83,1 €/MWh pour fermer vendredi 24 juin à 91,24 €/MWh, soit une hausse de 9,80 %.
Court-terme : le marché reste sur sa dynamique de la semaine 24 et se stabilise aux alentours des 115 €/MWh au PEG pour livraison en juillet 2022. Soutenu par la maintenance en cours au terminal de Montoir de Bretagne et celle prévue sur Nordstream 1 à partir du 10 juillet, les prix court-termes restent fermement installés sur ces niveaux d’autant plus que la tension d’approvisionnement du marché et les divers évènements techniques à venir – maintenances sur les plateformes en Norvège notamment et indisponibilité du terminal méthanier de Freeport (USA) – ne lui permettent d’envisager un retour à la « normale » sur un horizon de temps proche.
L’intervention de Robert Habeck, le ministre de l’économie allemand, en milieu de semaine est un momentum important dans la prise de conscience actuelle du prochain hiver à venir. Il y déclenche la seconde phase du plan d’urgence gazier allemand, suivi quelques jours plus tard par les représentants des trois grands énergéticiens français appelant à plus de sobriété dans la consommation estivale d’énergie fossiles.
Long-terme : c’est la cotation Hiver 2022 pour livraison du 1er octobre 2022 au 1er avril 2022 au PEG qui connait la plus forte progression dans le contexte. Ce dernier passe, en deux semaines, de 95 €/MWh à 121 €/MWh et emmenant avec elle la cotation 2023 dans son sillage pour un bref passage de la barre des 90 €/MWh.
Cal 2024 et Cal 2025 connaissent une très légère poussée et même une baisse en toute fin de semaine. Autant d’éléments indiquant la focalisation du marché sur l’hiver à venir et une relative stabilisation des prix sur le long-terme.
Drivers
Les faits marquants de la semaine
La France envisage de rouvrir une centrale à charbon
Les actualités de la semaine dernière se concentrent sur :
- La France qui envisage de rouvrir une centrale à charbon ;
- TotalEnergie, EDF et Engie qui appellent les Français à moins consommer ;
- Gaz : la France qui doit baisser sa consommation d’énergie de 10 % en deux ans ;
- L’Allemagne qui lance un programme sévère pour économiser son gaz pour l’hiver prochain ;
- Les eurodéputés qui s’accordent sur la réforme du marché carbone.
Voici les faits qui ont marqué la semaine du 20 juin, bonne lecture.
La France envisage de rouvrir une centrale à charbon
La centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, va très certainement redémarrer l’hiver prochain. C’est ce qu’a annoncé dimanche le ministère de la Transition énergétique. Le gouvernement, lors de la fermeture initiale du site le 31 mars dernier, n’avait pas exclu l’idée de le rouvrir ponctuellement afin d’assurer l’approvisionnement en électricité du pays.
Aussitôt fermée, aussitôt rouverte, nous sommes donc très loin d’être surpris de cette décision qui arrive dans un contexte de forte tensions sur le marché de l’énergie. Un décret va être mis en consultation pour remettre la centrale à charbon en marche. Il y sera question de mettre en place des contreparties environnementales comme des projets de reforestation afin de « contrebalancer » les fortes émissions de CO2 issues des centrales à charbon.
TotalEnergie, EDF et Engie appellent les Français à moins consommer
Cela s’est déroulé dimanche 26 juin, les dirigeants des trois géants énergéticiens appellent d’une seule voix les français à « immédiatement » réduire leur consommation de pétrole, de carburant, d’électricité et de gaz en prévision du risque de pénurie et de flambée des prix l’hiver prochain. C’est dans une tribune diffusée par le Journal du dimanche (JDD), que Catherine MacGregor (Engie), Jean-Bernard Levy (EDF) et Patrick Pouyanné (TotalEnergies) expriment leurs difficultés d’approvisionnement et l’objectif de 100 % de stockages de gaz d’ici au début de l’automne.
Les 3 dirigeants s’inquiètent de la cohésion sociale et politique des français face à la flambée des prix de l’énergie qui aurait de lourdes conséquences sur le pouvoir d’achat des familles. Ils appellent donc à massivement économiser l’énergie : « la meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas », disent-ils.
Gaz : la France doit baisser sa consommation d’énergie de 10 % en deux ans
Bien que la France n’active pas un niveau d’alerte contrairement à certains de ses voisins européens, le gouvernement souhaite que les réserves de gaz soient remplies à 100 % le 1er novembre. Dans un contexte de forte difficulté d’approvisionnement en énergie, les entreprises et administrations vont également devoir réduire leur consommation d’énergie de 10 % en deux ans.
L’objectif actuel d’atteindre un stockage à 85 % le 1er novembre semble insuffisant. Les opérateurs du stockage français devront acheter eux-mêmes, les volumes de gaz nécessaires en se substituant aux fournisseurs comme Engie ou TotalEnergie.
L’Allemagne lance un programme fort pour économiser son gaz pour l’hiver prochain
L’Allemagne, très dépendante du gaz russe, s’apprête à lancer son programme d’économie de gaz afin de palier à la faiblesse des flux de gaz en provenance de Russie. Son « douloureux » plan consiste en :
- Brûler davantage de charbon pour produire de l’électricité ;
- Payer les industries pour qu’elles n’utilisent pas de gaz ;
- Accorder des prêts de plusieurs milliards d’euros aux entreprises afin qu’ils puissent acheter du gaz.
L’Allemagne est le pays européen le plus dépendant au gaz russe, c’est ce qu’explique Robert Habeck, ministre de l’économie allemand : « La situation est grave. Nous renforçons donc encore les mesures de précaution et prenons les mesures supplémentaires pour réduire la consommation de gaz ».
Les eurodéputés qui s’accordent sur la réforme du marché carbone
Après l’échec du 8 juin à Strasbourg, les parlementaires arrivent à s’entendre sur le calendrier de suppression des quotas gratuits aux industriels. En effet, le Parlement européen a adopté, mercredi 22 juin, la deuxième mouture des textes du paquet climat.
L’accord dit en substance qu’est prévu une baisse graduelle des quotas gratuits (droits à polluer) à partir de 2027 jusqu’à leur disparition en 2032. Les entreprises recevront encore 50 % d’allocations gratuites en 2030. Cette mouture est le fruit d’un accord entre le Parti Populaire Européen (PPE, centre droit), Sociaux Démocrates (S&D) et Renew Europe.