Voici les faits qui ont marqué la semaine du 11 mars au 15 mars 2024
Les actualités de la semaine précédente se concentrent sur :
- Le nucléaire français cherche toujours son juste prix ;
- Le crédit impôt vert lancé… alors que le photovoltaïque français est dans la tourmente ;
- Les États-Unis battent le record de production pétrolière.
Le nucléaire français cherche toujours son juste prix
Est-ce que l’accord trouvé entre EDF et le gouvernement va vraiment réussir à convaincre tout le monde – acheteurs, consommateurs et parties prenantes ? Annoncé en grandes pompes en novembre dernier, un mécanisme assorti d’un prix plafond avec des redistributions progressives vers le consommateur doit prendre la suite de l’Arenh – dont la fin est programmée au 31 décembre 2025. Mais il semble avoir du mal à trouver preneur. Il faut dire qu’en quelques mois, le contexte a été chamboulé.
En effet, depuis que l’idée d’un prix moyen du MWh nucléaire aux alentours de 70 € a été formulée, le marché de l’électricité a considérablement baissé. Aujourd’hui, le Cal 2026 se situe ainsi régulièrement sous la barre des 60 €/MWh… rendant le prix proposé par EDF bien peu attractif. Emeric de Vigan, vice-président pour l’électricité chez Kpler interrogé par Montel, n’y va pas avec le dos de la cuillère nucléaire : « C’est comme si j’essayais de vous vendre quelque chose à 100 euros alors que vous pourriez l’acheter à 70 euros ailleurs. »
La Cour des comptes y a ajouté son grain de sel au cours de la semaine dernière lors de la publication d’un rapport sur les aides exceptionnelles face à la crise énergétique depuis 2021. Elle estime qu’une « vigilance particulière » doit être portée sur la robustesse de ce nouveau mécanisme… L’accord pourrait ainsi finalement être renégocié dans les prochains mois par le gouvernement, en incluant cette fois le principe d’un prix plancher.
Le crédit impôt vert lancé… alors que le photovoltaïque français est dans la tourmente
Vingt porteurs de projet se sont annoncés candidats au nouveau crédit d’impôt en faveur des « industries vertes » défendu par Roland Lescure, le ministre de l’Industrie et de l’Énergie. Il s’agit notamment de favoriser les projets d’industrialisation liés à la transition énergétique, par exemple dans le secteur des pompes à chaleur ou de l’éolien. Sur ces 20 projets, un seul concerne la fabrication de panneaux solaires…
Or, le photovoltaïque est en plein essor en France et soutenu. La CRE a publié la semaine dernière les nouveaux tarifs liés aux raccordements pour les installations inférieures à 500 kWc – et révisés par l’arrêté du 5 mars 2024 pour éviter une chute drastique des montants.
TotalEnergies annonce de son côté un objectif de 8 à 9 GW déployés sous la forme de PPA d’ici 2030. Les voyants sont au vert… mais, comme le commente M. Lescure lui-même, « il ne suffit pas de déployer ces technologies – au risque de les importer en masse –, il faut que nous nous les produisions sur le sol européen ».
Ce défi fait face à la concurrence chinoise, qui casse les prix depuis l’été 2023. Ainsi, le secteur souffre et les mauvaises nouvelles se multiplient. Quelques semaines après l’annonce de Meyer Burger de fermer son usine de panneaux solaires dans l’est de l’Allemagne, c’est au tour de Systovi d’être dans la tourmente. Le fabricant français, installé à Carquefou (44), a vu son carnet de commandes fondre. Il cherche désormais un repreneur pour l’ensemble de ses activités. Car si des mesures sont prévus pour soutenir une fabrication européenne dans le cadre de la souveraineté énergétique, elles ne devraient entrer en vigueur qu’en 2025. Bien trop tard, selon les dirigeants de Systovi.
Les États-Unis battent le record de production pétrolière
À rebours de toutes les attentes ou des a priori que l’on pourrait avoir sur la transition énergétique et des annonces d’une « transition hors des énergies fossiles », comme lors de la Cop28, l’année 2023 aura finalement été celle d’un record : celui de l’extraction de pétrole par un seul pays. Jamais dans l’histoire les États-Unis n’avaient produit autant d’or noir : 12,9 millions de barils par jour (contre 12,3 en 2022) et jusqu’à 13,3 millions en décembre dernier. Le pays se situe ainsi très nettement devant les deux autres mastodontes pétroliers, l’Arabie Saoudite et la Russie, dans un contexte d’attaque frontale des géants étatsuniens du pétrole contre la transition énergétique.
Cependant, dans le même temps, la demande en France a reculé de 1,6 % au cours de l’année dernière, selon les données publiées par l’Ufip (Union française des industries pétrolières). Cela est notamment dû à une demande plus faible pour le carburant aéronautique et pour le fioul. Cette baisse s’élève même à 10,6 % en comparaison avec l’année 2019. Cependant, cette diminution reste en deçà des objectifs fixés dans la Stratégie française pour l’énergie et le climat.