Voici les faits qui ont marqué la semaine du 19 au 25 août
Les actualités de la semaine précédente se concentrent sur :
- les stockages de gaz européens qui ont atteint 90 % de remplissage dès le 20 août ;
- la Norvège qui annonce devoir rapidement mener des recherches pour éviter son pic de production ;
- l’Australie qui se lance dans un projet de ferme photovoltaïque géante.
L’Europe fait le plein de gaz… mais les facteurs de risque perdurent
Depuis 2022, c’est un chiffre encore plus scruté qu’auparavant : le taux de remplissage des réserves stratégiques de gaz en France et en Europe. En effet, ces stocks de gaz sont particulièrement précieux pour répondre à un accroissement de la demande lors des mois d’hiver, lorsque les chauffages au gaz entrent en fonctionnement. Un taux suffisamment élevé permet d’affaiblir la tension sur les marchés et d’éviter une explosion des coûts, faute d’une offre suffisante sur ces périodes.
Le début de la guerre en Ukraine et la fin de l’approvisionnement de l’Europe directement via les pipelines russes avaient ainsi provoqué une crise de l’énergie fin 2022. C’est pourquoi un cadre législatif a été posé afin, par exemple, que les 27 atteignent 90 % de remplissage de leurs stocks stratégiques au 1er novembre. Pour la Commission européenne, « le stockage de gaz est clé dans la sécurité énergétique de l’Europe, dont il permet de couvrir jusqu’à un tiers de la demande de gaz en hiver ». Or, comme l’an passé, les pays de l’Union affichent des stocks remplis à plus de 90 % dès la fin du mois d’août. Cette réussite aura donc été accomplie avec deux mois d’avance, principalement grâce aux fortes importations en provenance de Norvège et des États-Unis. Cela permet d’envisager un hiver sans tension sur les marchés… voire une baisse des prix si les capacités de stockage sont pleines.
Cependant, même si les cours ont suivi une tendance baissière depuis le début de l’année, des facteurs de risque géopolitiques demeurent. En particulier, l’incursion ukrainienne dans la région de Koursk fait craindre un arrêt des exportations de GNL depuis la région. Ainsi, quelques jours après l’offensive, le gaz avait affiché son niveau le plus haut depuis… décembre dernier, à 40,58 €.
La Norvège craint son pic de production et entre dans sa saison des maintenances
D’autres éléments indiquent des facteurs de risque sur les cours du gaz, comme les exportations depuis la Norvège qui représentent environ 30 % de l’approvisionnement européen. En effet, les exploitations de gaz du pays entrent dans leur période de maintenance (article en anglais). En cas d’hiver très rude faisant fondre les stocks stratégiques plus rapidement… ou de maintenances supplémentaires imprévues, cela pourrait avoir un impact négatif sur les prix de l’énergie.
De plus, la direction des exploitations offshores norvégienne vient d’annoncer que de nouvelles opérations de recherche de gaz allaient devoir être menées bientôt dans la crainte d’avoir atteint le pic de production des gisements actuels. Cependant, plus de la moitié des ressources disponibles seraient encore à découvrir, selon l’opérateur norvégien, notamment à l’extrême nord. « C’est dans la mer de Barents que nous avons le plus de ressources disponibles connues. Or, c’est aussi la zone la moins développée et où nous avons le moins de puits de forage et le moins de connaissances sur ce qui s’y trouve. » Il faudra néanmoins que la Norvège se dote de capacités de stockage du CO2 pour répondre à ses objectifs de neutralité carbone tout en les exploitant.
Lire l’article complet (en anglais).
Et l’Australie se tourne vers le solaire pour exporter vers Singapour
L’Australie, grand pays exportateur de gaz naturel liquéfié vers l’Asie et l’Europe, vient d’officialiser un nouveau choix stratégique dans sa production énergétique. Le projet de ferme photovoltaïque géante de l’entreprise SunCable, sur 12 400 hectares, vient d’obtenir le feu vert du gouvernement. Elle devrait alimenter les habitants de la région de Darwin… mais également permettre de développer des exportations vers l’Asie du Sud-Est, en particulier Singapour. En effet, la cité-État doit répondre à une demande d’énergie toujours plus grande – de ses data centers par exemple – mais ne possède pas le foncier suffisant pour se tourner vers les renouvelables et produire localement. Elle cherche donc à développer les interconnexions, comme avec l’Australie.