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26 octobre 2022

Suivi hebdo du 17 au 21 octobre 2022 : Bercy baisse le plafond de l’ARENH

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Suivi-hebdo-marche-energie

Électricité

Graphique évolution électricité

 

Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 17 octobre 2022 au prix de 550,55 €/MWh pour fermer vendredi 21 octobre à 534,67 €/MWh, soit une baisse de 2,88 %.

Court-terme : dans la continuité de la tendance des trois semaines précédentes, l’électricité court-terme franchit le lundi 2 octobre un nouveau palier sous les 100 €/MWh en moyenne sur cette journée. L’électricité en France n’a plus dépassé la barre des 200 €/MWh depuis le 15 octobre dernier et évolue désormais de manière relativement stable. Le complexe gazier court-terme accentue cette pression baissière dans une gamme de températures largement au-dessus des normales de saison et donc une demande en électricité moindre par rapport à la même période l’année dernière. Les derniers modèles météorologiques anticipent la poursuite de ce contexte climatique favorable jusqu’à la mi-novembre et le produit à terme novembre 2022 qu’il s’agisse du baseload ou du peakload voit sa cotation dans une dynamique baissière tout à fait saisissante d’un jour de trading sur l’autre, preuve que le marché se rassure a minima jusqu’au début décembre. De 780 €/MWh en Baseload au 1er octobre, le produit Novembre 22 ne cote plus qu’à 410 €/MWh soit une diminution de près de 43 % en trois semaines et le peakload qui cotait encore à 1445 €/MWh a fondu pour présenter un premium plus rassurant à 670 €/MWh (en baisse de 53 %). Même constat sur le produit décembre en baisse de 29 % en baseload et peakload.
La conférence de RTE la semaine dernière sur le passage de l’hiver prochain se voulait plutôt rassurante dans le contexte actuel et les communiqués de presse et dossiers professionnels publiés soulignaient particulièrement l’anomalie de marché encore représentée par des cotations très élevées de la zone France sur les produits court-termes (M+1 à M+4) par rapport à nos voisins allemands.
Si les fondamentaux physiques poussent pour le moment dans le sens d’une baisse, le marché reste cependant vigilant sur la tenue du calendrier des remises en charges des tranches nucléaires encore à l’arrêt et qui atteignent au 25 octobre péniblement les 31 GW sur les 61 GW installés. C’est de ce côté que le marché freine encore sur la cotation Q1-2023 (à 1030 €/MWh) tant que les nouvelles ne se veulent pas rassurantes. Le déficit actuel de 5 à 8 GW par rapport aux prévisions de début septembre n’incite pas encore à une détente généralisée programmée.

Long-terme : pour les raisons précitées sur les marchés courts-termes, l’optimisme reste de rigueur, essentiellement poussé par la dynamique baissière gazière et les conditions climatiques mais la disponibilité nucléaire inquiète encore. Ainsi, l’année calendaire 2023 ainsi que 2024 ne cèdent pas franchement de terrain de manière notable et restent relativement campées autour de leur position : 525 €/MWh pour 2023 et 260 €/MWh pour 2024. Les développements autour de la sécurité d’approvisionnement en électricité nucléaire, les réduction de consommations conjoncturelles de cet hiver ainsi que la continuité de notre approvisionnement continental en GNL et les niveaux de prix négociés animeront sans aucun doute les échanges durant les 6 à 8 prochaines semaines.
Le baseload allemand accuse depuis début octobre une baisse de 15 % à date sur le Cal23 tandis que notre baseload national ne baisse que de 2 % sur cette même période. Un déséquilibre donc à aller chercher du côté de notre capacité à pouvoir satisfaire la demande intérieure avec notre propre actif de production dans les mois à venir.

Tableau évolution électricité

Gaz

Graphique évolution gaz

 

Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 17 octobre 2022 au prix de 155,49 €/MWh pour fermer vendredi 21 octobre à 147,167 €/MWh, soit une baisse de 5,35 %.

[NDLR : nous enrichissons notre note de marché avec l’évolution hebdomadaire du prix PEG puisque ce dernier est actuellement plus intéressant que le TTF]

Le prix PEG CAL 2023 a ouvert lundi 17 octobre 2022 au prix de 144,407 €/MWh pour fermer vendredi 21 octobre à 136,503 €/MWh, soit une baisse de 5,47 %.

Court-terme : la dynamique de prix journaliers bas engagées depuis le 15 octobre se poursuit puisque la livraison au jour le jour n’a pas dépassé les 50 €/MWh depuis cette date ; atteignant même les 19 €/MWh le 19. Une stabilisation donc sur des niveaux très bas mais qui représente encore à l’heure actuelle un épiphénomène conjoncturel entre une ressource souterraine au maximum technique dans nos stockages gaziers nationaux, des arrivées soutenues de tankers GNL sur nos côtes et une demande plus faible que les niveaux habituels. Les couvertures prises sur les marchés les mois précédents doivent donc être revendues chaque jour afin d’équilibrer le réseau et poussent le prix vers des niveaux incongrus tant la rhétorique des derniers mois fut inquiétante. La visibilité météorologique, à l’instar de l’électricité fait nettement chuter les cotations des deux mois à venir puisque le mois de novembre 2022 s’échange désormais à moins de 75 €/MWh en baisse de 44% depuis début octobre et décembre 22 de 23 %.

Long-terme : l’année calendaire 2023 tutoie ses plus bas depuis le 25 juillet dernier aux alentours des 130 €/MWh tandis que 2024 teste le seuil des 130 €/MWh plus constatés sur les marchés depuis le 5 août 2022. Un marché en baisse mais attentiste sur les maturités plus long-terme notamment des conditions de températures du premier trimestre 2023 qui détermineront en grande partie comment la sortie d’hiver des stockages gaziers (vides ou partiellement remplis) influencera ensuite la reprise de la saison d’injection en prévision de l’hiver suivant.

Tableau évolution gaz

Drivers

Drivers

Les faits marquants de la semaine

Bercy baisse le plafond de l’ARENH

Les actualités de la semaine dernière se concentrent sur :

  • Bercy revoit le plafond de l’ARENH ;
  • Vers un accord sur le plafonnement général du prix du gaz ? ;
  • Plan de résilience : simplification des conditions d’octroi des aides ;
  • Les fournisseurs s’engagent dans une charte ;
  • Explosion des factures d’énergie : certaines petites entreprises fermeront en hiver ;
  • Projet de loi Finances : amendement pour un bouclier tarifaire pour les collectivités territoriales ?

Voici les faits qui ont marqué la semaine du 17 au 21 octobre, bonne lecture.

 

Bercy revoit le plafond de l’ARENH à la baisse

Le plafond avait été réhaussé à 120 TWh cette année mais en faveur des finances d’EDF, celui-ci sera baissé à 100 TWh en 2023.

 

Vers un accord sur le plafonnement général du prix du gaz ?

Même si cette mesure reste contestée au sein de l’Union, par l’Allemagne notamment, l’UE a fait un pas vers le plafonnement du prix du gaz acheté avec un accord communautaire.

Les pays membres voient les limites des boucliers tarifaires pour faire baisser la facture d’énergie, en effet, les budgets ne sont pas extensibles. L’hiver arrivant, la tension des finances publiques se font sentir. Rien n’est joué pour le moment car l’Allemagne, en mesure de dépenser plus pour son gaz est très réticente à un plafonnement.

 

Plan de résilience : simplification des conditions d’octroi des aides

Le décret du 30 septembre 2022 ajuste les conditions d’octroi des aides à destination des entreprises touchées par la crise énergétique. Seuls 50 millions sur les 3 milliards d’euros disponibles ont été versés tellement les conditions sont complexes.

Voici les nouvelles conditions à remplir lorsqu’une entreprise a été frappée par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine :

  • Avoir des achats de gaz ou d’électricité atteignant au moins 3 % de leur chiffre d’affaire en 2021 ;
  • Avoir subi un doublement du prix du gaz et/ou de l’électricité sur la période éligible par rapport à une moyenne de prix sur l’année 2021 ;

En fonction de la situation de l’entreprise, le montant de l’aide est égal à :

  • 30 % des coûts éligibles, avec un plafond à 2 millions d’euros pour les entreprises subissant une baisse d’excédent brut d’exploitation par rapport à 2021 ou ayant un excédent brut d’exploitation négatif ;
  • 50 % des coûts éligibles avec un plafond à 25 millions d’euros, pour les entreprises dont l’excédent brut d’exploitation est négatif et dont l’augmentation des coûts éligibles s’élève au moins à 50 % de la perte d’exploitation. L’aide est limitée à 80 % du montant des pertes ;
  • 70 % des coûts éligibles avec un plafond à 50 millions d’euros, pour les entreprises qui respectent les critères de l’aide plafonnée à 25 millions d’euros et qui exercent leur activité principale dans un ou plusieurs des secteurs et sous-secteurs listés en annexe 1 du décret. L’aide est limitée à 80 % du montant des pertes.

L’aide est prolongée jusqu’au 31 décembre 2022. Les demandes sont à déposer sur impots.gouv.fr.

 

Les fournisseurs s’engagent dans une charte

Pour aider les consommateurs à faire face à la crise énergétique, les fournisseurs se sont engagés dans une charte portant jusqu’au 30 avril 2024 sur, notamment :

  • Prévenir les clients entrerpises et collectivités de la fin de validité de leur contrat 2 mois en avance ;
  • Agir, sous certaines conditions, en fournisseur de dernier recours pour les entreprises et collectivités en proposant à tous les clients qui le demandent au moins un contrat ;
  • Favoriser la mise en place des facilités de paiement pour les entreprises ou collectivités locales qui le demandent et connaissent des difficultés ;
  • Favoriser la mise en concurrence par une entreprise ou une collectivité locale des offres commerciales ;
  • Privilégier des offres tenant compte des enjeux du système électrique qui rémunèrent par exemple une capacité d’effacement lorsque le système est en tension ou qui incite à une moindre consommation d’énergie ;
  • Répercuter dans les meilleurs délais les aides destinées aux consommateurs finaux, à l’instar des élargissements des boucliers tarifaires énergétiques aux copropriétés, y compris dans les offres commerciales ;

Plus d’informations dans la charte en question.

 

Explosion des factures d’énergie : certaines petites entreprises fermeront en hiver

Un certain nombre de petites entreprises, frappées de plein fouet par la crise de l’énergie préfèrent fermer pour quelques mois afin d’éviter les factures d’hiver plutôt que de fermer définitivement. Renouvellement de contrat d’énergie, inflation des tarifs des matières premières, les TPE et PME songent à fermer leurs commerces pendant quelques jours voire quelques mois. Restaurants, boulangeries se contraignent donc à renoncer à leur grosse saison.

 

Projet de loi Finances : amendement pour un bouclier tarifaire pour les collectivités territoriales ?

Un amendement, pour l’année 2023 prévoit la possibilité de la mise en place d’un bouclier tarifaire pour les collectivités territoriales. Son but ? Soutenir les collectivités territoriales en difficulté face à l’inflation des dépenses d’énergie par une dotation :

« Ce dispositif bénéficiera aux collectivités qui auront subi en 2023 une perte d’épargne brute supérieure ou égale à 25 % et dont la hausse des dépenses d’énergie sera supérieure à 60 % de la progression des recettes réelles de fonctionnement. »

Ce mécanisme ne concernera que les collectivités, communes, ou départements, ou groupements les moins favorisés.