Nous sommes de retour ! C’est bientôt la rentrée et pour nous faire pardonner de notre petite absence estivale, nous vous proposons une analyse des 3 premières semaines d’août.
Électricité
Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 1er août 2022 au prix de 507,75 €/MWh pour fermer vendredi 19 août à 725,58 €/MWh, soit une hausse de 42,90 %.
Court-terme : le marché court-terme atteint des prix inédits et très élevés en plein été avec des moyennes autour des 500 €/MWh, ce vers quoi le marché plus long-terme s’oriente peu à peu. Les multiples restrictions de disponibilité nucléaire en raison des faibles niveaux des fleuves français accentuent encore la tension pesant sur le marché électrique. Même si la première quinzaine d’août n’est habituellement pas la période d’échanges intenses sur les marchés, le prix croît significativement pour atteindre de nouveaux sommets.
Long-terme : porté par le court-terme, les cotations 2023 et surtout 2024 accusent une hausse impressionnante de près de 40 % en l’espace de trois semaines. Si la cotation 2024 était restée jusqu’ici relativement stable malgré les craintes sur l’hiver prochain, elle porte sa marque à près de 380 €/MWh alimentant les inquiétudes sur la pérennité de cette phase de prix très élevés.
Au-delà de la valeur en elle-même des quelques maturités échangées, c’est bien le réalisme des prix qui pose question. Le développement actuel laisse suggérer que la menace sur l’approvisionnement est telle que ces prix en deviennent incalculables, voire en dehors de toute réalité économique. La fin de la période de congés, accompagnée d’une liquidité de marché accrue devrait pouvoir nous orienter sur la teneur de ces mouvements extrêmes des marchés estivaux.
Gaz
Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 1er août 2022 au prix de 157,42 €/MWh pour fermer vendredi 19 août à 229,27 €/MWh, soit une hausse de 45,64 %.
[NDLR : nous enrichissons, depuis peu, notre note de marché avec l’évolution hebdomadaire du prix PEG puisque ce dernier est actuellement plus intéressant que le TTF]
Le prix PEG CAL 2023 a ouvert lundi 1er août 2022 au prix de 148,79 €/MWh pour fermer vendredi 19 août à 219,27 €/MWh, soit une hausse de 47,36 %.
Court-terme : c’est bel et bien le gaz qui alimente la bulle de l’électricité. Avec des flux physiques réduit à 20 % de la capacité en provenance de Russie et une compétition féroce avec l’Asie pour la sécurisation de quantités de GNL pour l’hiver prochain, le gaz naturel porte sa marque aux alentours des 160 €/MWh en France pour livraison en septembre 2022 contre près de 240 €/MWh sur le Hub hollandais de référence, soulignant bien la disparité et le déséquilibre actuel entre les pays européens. Un spread jamais vu dont la France bénéficie en raison de ses trois terminaux méthaniers, points clés d’entrée du GNL étranger vers l’Europe continentale. Vendredi soir, peu après la clôture, Gazprom annonçait une maintenance sur la dernière turbine encore en opération pour une période de 3 jours, du 31 août au 2 septembre, alimentant une nouvelle fois, les spéculations et craintes.
Long-terme : sur les cotations calendaires, la marque française sur 2023 atteint les 200 €/MWh et 140 €/MWh pour 2024. Un niveau difficilement soutenable pour la plupart des économies européennes si il était amené à durer dans le temps. Au-delà de la valeur en elle-même des quelques maturités échangées, c’est bien le réalisme des prix qui pose question. Le développement actuel laisse suggérer que la menace sur l’approvisionnement est telle qu’ils en deviennent incalculables, voire en dehors de toute réalité économique. La fin de la période de congés, accompagnée d’une liquidité de marché accrue devrait pouvoir nous orienter sur la teneur de ces mouvements extrêmes des marchés estivaux.
Drivers
Les faits marquants de la semaine
EDF réclame 8,34 milliards d’euros à l’État
Les actualités de la semaine dernière se concentrent sur :
- L’Allemagne qui crée une taxe sur le gaz pour protéger son système énergétique de la faillite ;
- La France qui présente un plan pour rattraper son retard sur les énergies renouvelables ;
- EDF qui réclame à l’Etat 8,34 milliards d’euros après les mesures sur l’électricité ;
- EDF qui pleure, TotalEnergies qui rit ;
- Emmanuelle Wargon qui est nommée à la tête de la CRE.
Voici les faits qui ont marqué les trois premières semaines d’août, bonne lecture.
L’Allemagne crée une taxe sur le gaz pour protéger son système énergétique de la faillite
À partir du 1er octobre, les consommateurs allemands verront leur facture augmenter de 2,419 centimes par kilowattheure. Cette augmentation représente plusieurs centaines d’euros par an pour chaque foyer. Cette taxe s’additionne à l’augmentation du prix de l’électricité, l’hiver s’annonce onéreux pour les foyers allemands.
Cette taxe, annoncée le 15 août, représente donc une charge de près de 500 €/an pour une famille de quatre personnes vivant dans une maison individuelle et consommant 20 000 kwh/an. L’objectif de la présente taxe est d’éviter une vague de faillites chez les importateurs de gaz qui mettrait toute la distribution de chaleur et d’énergie du pays en danger.
La France présente un plan pour rattraper son retard sur les énergies renouvelables
L’exécutif a annoncé prévoir une loi exceptionnelle, dont le texte serait proposé à la rentrée pour développer très rapidement les projets photovoltaïques et les éoliennes en mer. La France est, sur ce domaine, très en retard sur les objectifs fixés par une directive européenne et est d’ailleurs le seul pays sur les 27 à avoir manqué le rendez-vous. En 2020, la part d’énergie renouvelable ne représente que 19 % de la consommation finale brute d’énergie donc pas les 23 % attendus.
Dans le concret, cette loi propose de :
- Raccourcir les procédures pour construire un parc solaire ou éolien ;
- Élargir les surfaces à disposition pour ces parcs ;
- Simplifier les débats publics ;
- Réduire la facture d’électricité par les revenus produits par ces énergies renouvelables de ceux qui sont directement concernés par une présence visuelle (éolien ou photovoltaïque)
EDF réclame à l’État 8,34 milliards d’euros après les mesures sur l’électricité
Le mardi 9 août, EDF réclamé une indemnité de 8,34 milliards d’euros. La raison ? La décision gouvernementale d’attribution des volumes supplémentaires d’électricité nucléaire aux concurrents. Jean-Bernard Lévy, déjà très peu en faveur de l’ARENH, avait adressé un recours administratif préalable pour demander le retrait du décret et des arrêtés du mois de mars 2022 relatifs à ces 20 % supplémentaires.
L’État, de son côté, souhaite accélérer la renationalisation d’EDF.
Alors qu’EDF pleure, TotalEnergies rit
Depuis, l’envolée des prix de l’énergie et très largement lié à la guerre en Ukraine, TotalEnergies et EDF ont explosé leur chiffre d’affaires entre 2021 et 2022 :
- + 57 % pour TotalEnergies ;
- + 61 % pour EDF.
Pourtant si TotalEnergies a dégagé un bénéfice de 5,7 milliards d’euros depuis le début de l’année, EDF affiche des pertes équivalentes aux gains du géant pétrolier : 5,3 milliards d’euros. Les raisons de la plongée dans le rouge d’EDF sont les suivantes : contraintes technologiques et réglementaires, réacteurs à l’arrêt ou fonctionnant à mi-régime et l’été caniculaire n’apporte pas de perspectives réjouissantes pour les comptes du groupe.
Emmanuelle Wargon est nommée à la tête de la CRE
C’est officiel, Madame Emmanuelle Wargon est nommée Présidente de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) pour un mandat de six ans. Son prédécesseur, Monsieur Jean-François Carenco est désormais Ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer chargé des Outre-mer.
La Présidente fraichement nommée a annoncé que ses trois grandes priorités seront les suivantes :
- Contribuer à la souveraineté énergétique et à la sécurité des approvisionnements ;
- Protéger à court et à long terme les consommateurs particuliers et les entreprises ;
- Accélérer la transition écologique en soutenant le développement de sources d’énergie décarbonées, nucléaire et renouvelables.