Électricité
Le BL CAL 2023 a ouvert lundi 7 février au prix de 153,07 €/MWh pour fermer vendredi 11 février à 160,37 €/MWh, soit une hausse de 4,77 %.
La semaine dernière a pris des allures de montagnes russes pour le prix de l’électricité.
Si la semaine a commencé avec une baisse, mardi le prix a augmenté à la suite des annonces d’EDF sur l’indisponibilité nucléaire et la hausse des prix EUA, passant de 153,07 à 158,12 €/MWh. S’en est suivi une baisse de 6,33 % mercredi jusqu’à descendre à 151,88 € jeudi en suivant les tendances baissières du marché du gaz. Vendredi s’est conclu avec des prix à la hausse.
Focus sur l’annonce d’EDF
L’indisponibilité nucléaire annoncée par EDF devrait avoir un impact sur les marchés de l’électricité et du carbone. En effet, celle-ci implique un appel plus fort aux centrales thermiques plus émettrices et coûteuses.
Gaz
Le prix TTF CAL 2023 a ouvert lundi 7 février au prix de 54,63 €/MWh pour fermer vendredi 11 février au prix de 53,91 €/MWh, soit une baisse de 1,31 %.
Un TTF CAL 2023 qui baisse alors que 2024 et 2025 augmentent pourrait être un signe que nous nous enfonçons dans une crise énergétique.
La semaine démarre non pas avec les montagnes russes mais avec le rebond des flux russes exerçant une pression baissière de 1,78 %. Une baisse qui perdure mardi influencée par les déclarations du président Macron à propos de la non-« détérioration ou escalade » de la crise Russie-Ukraine. Le prix se positionne à 52,90 €/MWh. La douce météo et l’approvisionnement confortable en GNL poursuit la baisse mercredi. Si jeudi le TTF CAL 2023 connaît un léger rebond (51,66 €), celui-ci se confirme vendredi.
Drivers
Les faits marquants de la semaine
Nord Stream 2 au cœur des tensions et les actions d’EDF qui chutent
La semaine dernière a été le théâtre de deux faits marquants :
- Fait marquant n°1 : Le gazoduc Nord Stream 2 est à nouveau au cœur de la guerre froide 2.0 ;
- Fait marquant n°2 : Les actions d’EDF baissent après une nouvelle réduction de sa prévision de production nucléaire.
Nous vous donnons plus de détails sur ces informations.
Fait marquant n°1 : si la Russie envahie l’Ukraine, le gazoduc Nord Stream 2 ne fonctionnera pas
C’est ce qu’a déclaré le président Joe Biden lundi dernier : « Si la Russie envahit, cela signifie que des chars ou des troupes traversent à nouveau la frontière de l’Ukraine, alors il n’y aura plus (…) un Nord Stream 2. Nous, nous allons y mettre fin. »
Le chancelier Scholz, de son côté, avait déclaré à la presse que la Russie paierait un prix très élevé si elle envahissait l’Ukraine : « Nous serons unis. Nous agirons ensemble. Et nous prendrons toutes les mesures nécessaires ». Les deux puissances démocratiques sont donc sur la même longueur d’onde quant à l’avenir de Nord Stream 2 si la Russie devenait plus offensive.
Le Royaume-Uni s’est exprimé à travers la voix de sa ministre des affaires étrangères Liz Truss : « S’il devait y avoir une incursion russe en Ukraine, les Ukrainiens se battraient. Ce serait un conflit prolongé et interminable. Le Royaume-Uni et nos alliés mettraient en place des sanctions sévères visant les individus et les institutions ».
Les déclarations des alliés mises de côté, dans les faits, l’Allemagne a retardé l’approbation de mise en route du gazoduc au moins jusqu’au 2e semestre 2022 mais celui-ci n’est pas annulé.
S’il y a trop d’eau dans le gaz, le Japon détournera des cargaisons de GNL en faveur de l’Europe
Au regard de l’intensification des tensions entre la Russie et l’Ukraine, le Japon enverra des cargaisons de GNL à destination de l’Europe.
« Nous avons décidé de répondre aux demandes des Etats-Unis et de l’UE pour l’envoi de GNL en Europe, où l’approvisionnement en gaz est serré », a déclaré le ministre de l’Economie et du Commerce au Japon, Hagiuda.
Ces déclarations rallient le Japon à l’Occident au cœur de ce conflit mondial.
Fait marquant n°2 : les actions d’EDF ont chuté en début de semaine dernière
On vous en parlait il y a deux semaines : EDF était déjà en mauvaise posture à la suite des mesures gouvernementales concernant l’ARENH. Les difficultés du groupe français continuent avec une baisse de 3,5% de ses actions en session anticipée.
Cette chute arrive après la baisse des prévisions de production nucléaire pour 2022 à 295-315 térawattheures (TWh), contre 300-330 térawattheures de retard lundi dernier, affirmant que la dernière révision à la baisse était liée aux contrôles de sûreté nucléaire en cours. Les estimations pour 2023 sont également à la baisse avec 300-330 térawattheures contre les 340-370 TWh prévus.
Depuis décembre, le stock a perdu près de 40 % de sa valeur lorsque la société avait annoncé que les problèmes de corrosion l’avaient forcé à arrêter quelques réacteurs nucléaires.
Vendredi dernier, c’est le réacteur nucléaire Bugey 3 de 900 mégawatts, situé dans l’est de la France qui a été mis hors ligne. Cette interruption arrive à la suite d’une détection de surchauffe de la liaison à une ligne de haute tension. Le groupe EDF annonce une remise en service pour le 16 février.
Le nucléaire représente environ 75 % de la production d’électricité en France. La disponibilité actuelle est à 75,8 % de sa capacité installée.
Alors que la production baisse, Macron compte sur son développement pour atteindre la neutralité carbone
Jeudi dernier, le Président de la République Française annonçait : « « Ce dont notre pays a besoin, et les conditions sont là, c’est la renaissance de l’industrie nucléaire française ».
Ces déclarations accompagnaient le dévoilement de la stratégie nucléaire française. En effet, même si la France compte décupler sa capacité d’énergie solaire d’ici 2050 à plus de 100 gigawatts (GW) et viser la construction de 50 parcs éoliens offshore d’une capacité combinée d’au moins 40 GW ; le nucléaire reste l’engagement premier du pays.
La guerre froide 2.0 motive la volonté d’indépendance énergétique de la France qui construira dans les prochaines décennies plus de 6 nouveaux réacteurs. EDF a estimé le coût de ces ambitions à environ 50 milliards d’euros selon les conditions de financement.