Suite à un désaccord majeur au sein de l’entente OPEP+, les cours du pétrole ont lourdement chuté lundi 9 mars 2020 à l’ouverture des marchés asiatiques, chute qui s’est confirmée au fur et à mesure de la journée et des séances boursières autour du globe. Retour sur un effondrement historique, qui n’avait plus été observé sur les marchés depuis la première guerre du Golfe en 1991.
L’impact du Coronavirus
Avant leur dégringolade sur l’ensemble des places boursières au cours de la journée de lundi, les cours du pétrole étaient déjà sévèrement malmenés par la pandémie et la propagation du Covid-19. En effet, selon l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), la demande mondiale de pétrole pourrait se réduire cette année pour la première fois depuis 2009, en raison de l’impact du coronavirus.
L’OPEP* confirmait cette évaluation le soir du 11 mars en révisant à la baisse ses perspectives de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2020, conséquence de la propagation de la pandémie dans d’autres pays et régions que la Chine, alors que 60 pays et 120 000 personnes sont contaminés. Le baril de Brent avait ainsi déjà perdu 24,2% de sa valeur, de 66$ à 50$, entre le 1er janvier et le 5 mars, veille de la réunion cruciale de l’OPEP+.
L’OPEP+ en suspens
Cette alliance, regroupant les membres de l’OPEP et d’autres pays producteurs (notamment la Russie), était née suite à la baisse historique de 2016 (Brent à 30$), dans le but d’imposer des quotas de production aux pays membres pour faire remonter les cours, puis les stabiliser entre 60$ et 70$ le baril. La stratégie s’est avérée payante, jusqu’à ce vendredi 6 mars.
La Russie, deuxième producteur mondial de pétrole brut, n’a pas accepté la nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour proposée par l’Arabie Saoudite, qui visait à contrer la première chute des cours imputée au Covid-19. En effet, un prix oscillant autour des 65$/baril permet aux producteurs américains de schiste (coûteux à produire, nécessitant donc un prix élevé du baril) de gagner des parts de marché, au détriment des membres de l’OPEP+, et donc de la Russie. Le Kremlin a donc fait le choix stratégique de refuser la réduction de la production, dans le but de contrer les producteurs américains, et de punir les Etats-Unis qui souhaitent sanctionner la Russie sur le projet de gazoduc Nord Stream 2.
Le début d’une guerre des prix
En réponse, Ryad s’est lancée dans la foulée dans une guerre de prix en proposant d’importantes réductions à ses clients, en parallèle d’une forte augmentation de sa production, suivie par la Russie. Le marché mondial va donc rapidement être inondé d’or noir, ce qui a eu pour effet immédiat un effondrement de 33% de la valeur du baril de Brent entre l’annonce de la remise en question de l’alliance vendredi soir, et le prix de ce lundi 9 mars au soir, à 33,34$/baril.
Les bourses mondiales ont depuis sévèrement chuté, prises dans la tourmente entre le Covid-19 et ce nouvel élément perturbateur, qui a déclenché des baisses historiques : le CAC40 a ainsi perdu 21,3% entre le lundi 9 mars et ce jeudi 12 mars, et le Dow Jones (indice de référence américain) près de 16%.